AD 30, G 305, visite pastorale de Mgr Rousseau de la Parisière, évêque de Nîmes.
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Dudit jour dixième novembre de la même année [1722], en continuant notre visite accompagnés comme dessus et suivant l’indiction que nous en avions faite à ce jour pour l’église paroissiale de Saint Jean-Baptiste de Générac, nous sommes arrivés audit lieu et nous y avons été salués par un nombre d’habitans sous les armes et reçus par le sr Paradis, curé du lieu accompagné des consuls et des principaux habitans, et nous estant revêtus de nos habits pontificaux, nous sommes allés processionnellement à l’église sous le dais porté par les consuls où après les prières et cérémonies accoutumées, aïant parlé au peuple pour le disposer aux grâces qu’ils allaient recevoir et aux fruits qu’ils devaient retirer de notre visite, nous avons donné le sacrement de confirmation et fait l’absoute pour les morts.
Et procédant à la visite du saint sacrement, nous avons fait ouvrir le tabernacle, où nous avons trouvé un ciboire d’argent doré en dedans, où il y avait des hosties consacrées, le curé nous aïant dit qu’il tient ordinairement réserve et a soin de renouveller (sic) souvent les hosties et de faire brusler la lampe.
Après quoi nous avons fait la visite de l’autel et trouvé une pierre sacrée enchâssée et bien conditionnée ; trois nappes ; un te igitur avec ses cartes ; un christ de buis ; deux chandeliers de laiton ; un tabernacle peint, qui n’est point garni en dedans, fermant à clé, sans pavillon ; un tableau d’une grandeur convenable ; un devant d’autel de ligature ; un marchepied de bois ; et dans le presbitère une lampe de laiton suspendue, et un banc pour les prestres.
Nous sommes allés ensuite visiter les fonts baptismaux au bas de la nef, qui sont de pierre dure sans piscine et sans fermature (sic), où nous avons trouvé une cuvette d’étain et une cueillere pour ondoïer les enfans, des chrémières d’étain où est une inscription sur chaque phiole.
Et parcourant le reste de la nef, nous y avons trouvé un bénitier de pierre enchâssé dans la muraille ; une chaire à prescher ; un confessionnal à deux ouïes ; le tout en bon état.
Entrant dans la sacristie, nous y avons trouvé une armoire pour tenir les ornemens ; et le sr curé nous a représenté un calice avec sa patène d’argent doré en dedans ; un soleil d’argent avec son croissant doré ; un encensoir avec sa navette et cueillere hors d’usage ; un missel et un rituel ; quatre nappes d’autel ; trois aubes avec leurs amis et cordons ; quatre corporaux ; trois palles ; cinq purificatoires ; une nappe de communion et trois lavabos ; cinq chasubles pour les cinq couleurs avec leur assortiment ; deux chappes, une à plusieurs couleurs et une noire ; trois devants d’autel, un violet d’un côté et noir de l’autre ; un de ligature fort usé ; un dais.
Et la même, nous étant fait représenter les registres des baptêmes, mariages et mortuaires, nous les avons trouvés en bonne forme.
Nous sommes allés au cimetière que nous avons trouvé sans clôture et sans croix.
Revenus à l’église nous en avons examiné les gros murs et toutes les parties et trouvé que le couvert est en très mauvais état, ce qui fait que la voûte et les arceaux qui forment des places de chapelles menacent ruine ; que le sanctuaire est séparé de la nef par un balustre, que les vitres ont besoin de réparation ; qu’il y a un clocher sur le pignon de l’église avec une cloche d’un poids convenable.
Après quoi, nous étant enquis de l’état du bénéfice et de la paroisse, il nous a été répondu sur les interrogations que nous avions donnés que Générac est un prieuré dépendant du chapitre de notre cathédrale, sous le titre de saint Jean-Baptiste dont on célèbre la fête le 24 juin ; du revenu de …………………….. que la paroisse est vicairie perpétuelle, desservie par le seul curé à portion congrue, composée de 450 communiants, parmi lesquels il n’y a qu’environ 100 catholiques ; le reste ne faisant aucune fonction de religion. Qu’il n’y a qu’une confrérie du st sacrement sans revenu ; qu’il n’y a ni chapelle ni fondation ; qu’il n’y a ni hôpital ni autre revenu pour les pauvres que l’aumône annuelle que les décimateurs donnent, qui est de trois salmées de méteil ; qu’on y prêche le Carême et que la rétribution qui est de 36 livres est païée par le chapitre. Qu’il y a un maître d’école aux gages de 50 écus, dont on a fait des plaintes ; deux sages-femmes suffisamment instruites ; qu’il n’y a point de maison presbitérale, le curé nous aïant requis de vouloir ordonner qu’il en soit basti une.
Sur tout ce que dessus, notre promoteur entendu, nous étant fait représenter les précédentes ordonnances, nous les avons confirmées et ordonné qu’il sera fourni une croix avec son christ de laiton et quatre autres chandeliers de même métal ; un pavillon pour le tabernacle, un ciel par-dessus l’autel ; un rideau pour couvrir le tableau aux jours marqués, avec sa tringle ; que le tabernacle sera garni en dedans d’une étoffe de soïe ; qu’il sera fait aux fonts baptismaux un couvert de bois de noïer en dôme, ou garni de pointes de fer, fermant à clef ; qu’il sera fait dans les fonts une piscine ; et près des fonts, dans l’épaisseur du mur une petite armoire garnie d’étoffe en dedans et fermant à clef pour tenir les chrémières ; qu’il sera fait à la sacristie un lavoir et une piscine, et fourni un prie-Dieu avec les cartes de préparation et d’action de grâces ; un crucifix ou une image ; une fontaine, trois essuie mains ; un tapis pour couvrir la table où l’on s’habille ; un pupitre, un graduel et un antiphonaire ; un encensoir avec sa navette et cueillere de laiton ; un bénitier portatif de même métal, avec son goupillon ; un fanal ; un drap mortuaire ; une boëte d’argent dorée en dedans, avec sa bourse et son ruban pour porter le saint sacrement aux malades de la campagne ; une palle ; six lavabo ; un ornement de soie à plusieurs couleurs pour les festivités, avec son assortiment ; un parement d’autel de même, sur son châssis ; que les vitres seront réparées et les fenêtres garnies de fil d’archal ; qu’on fera une vérification exacte de la voûte et des arceaux qui sont le long de la nef, pour en prévenir la ruine ; que le couvert tant de la nef que du presbitère sera réparé ; qu’il sera fait autour du cimetière une muraille à chaux et à sable d’une hauteur convenable et une porte fermant à clef, et qu’il y sera placé une croix de pierre au milieu ; qu’il sera fait une maison presbitérale convenable pour le logement du curé ; qu’on sonnera régulièrement l’Angelus le matin, le soir et à midi. Le tout pour être exécuté par qui il appartiendra. Lecture faite du présent procès-verbal, nous en avons fait la clôture.
Henri Révoil Aix-en-Provence, 1822-Mourès, 1900.
Cet ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Paris hérite des goûts de son père qui collectionne les objets du Moyen-Âge (839 pièces achetées par l’État en 1828 et remise en musée du Louvre). Il prend la suite de Charles Questel en 1854 en tant qu'architecte attaché à la commission des Monuments Historiques. À ce titre il poursuit la restauration de l'amphithéâtre de Nîmes, de la Tour Magne et du temple de Diane.
Nommé architecte diocésain en 1852 à Montpellier, Aix et Fréjus et en 1870 à Nîmes, il réalise et restaure de nombreux édifices religieux dans les Bouches-du-Rhône, le Var, l'Hérault ainsi que dans le Gard. Il est également à l'origine de plusieurs édifices publics tels que l'Hôtel de Ville de Saint-Gilles ou les écoles de Fourques et Manduel. Il développe un instrument lui permettant de dessiner précisément des éléments d'architecture éloignés. Le téléiconographe est breveté en 1869. Henri Morel-Révoil (1855-1933) est son gendre.
Un monument en sa mémoire est érigé en 1906 dans le jardin de la fontaine à Nîmes (IM30000416).
Publication : L'architecture romane du midi de la France de 1863 à 1874. Recueil de 200 planches lithographiés de l'architecture romane.
Réalisations :
- flèche de l'église de Bernis (1855),
- église de Garons et agrandissement de l'église de Moulézan (1856),
- mairie de Redessan (1857),
- église de Générac (1860),
- église de Manduel (1862),
- église de Milhaud (1865),
- église de Saint-Genies-de-Malgoires (1866),
- église de Marguerittes (1876),
- église de Lédenon (1885) : projet abandonné.
- sacristie de l'église de Redessan (1885).