Dossier d’œuvre architecture IA30003274 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique, Nîmes
ensemble cultuel de l'Augusteum, avec le temple de Diane et le nymphée
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nîmes
  • Commune Nîmes
  • Adresse Jardin de la Fontaine

Quand la colonie romaine de Nîmes est établie, préexiste un grand ensemble cultuel, et le nom de la ville lui-même signifie en langue celte "lieu consacré pour la religion".

Cet ensemble est aujourd'hui comparé aux sebasteia orientaux, en particulier celui du sanctuaire d'Alexandrie que nous a décrit Philon au tout début du 1er siècle après Jésus-Christ : il parle d'un enclos très vaste pourvu de portiques, de bibliothèques, de salles de réunion, de bosquets, de propylées, avec des places spacieuses et des esplanades, le tout disposé avec un luxe et un art remarquables". En l'honneur d'Auguste, est créé à Nîmes un Augusteum comme il en est attesté à Ephèse ou à Nicée, comme à Ferento (Italie), ce dernier lieu étant le plus ressemblant avec Nîmes.

Ensemble cultuel unique, l'Augusteum est un magnifique exemple d'une annexion progressive d'un espace très tôt sacralisé par les populations indigènes, comme en témoignent les découvertes récentes dans les terrains qui jouxtent le temple de Diane : inscriptions votives en gallo-grec, linteaux à cuves céphaliformes identiques à ceux découverts à Entremont, rehaussés de décors en relief et de peintures, buste de guerrier assis. Peu à peu, sans d'ailleurs que les Romains aient cherché à les dépouiller ou à les supplanter par d'autres, les divinités indigènes ont été intégrées à la nouvelle organisation religieuse, le culte rendu à l'empereur s'appropriant l'espace sacré en se superposant aux cultes autochtones. Certes les dédicaces au dieu indigène de la Source, Nemausus, sont nombreuses mais ce sont les dédicaces à Auguste, dans le dernier quart du 1er siècle avant J.-C. qui témoignent des premières manifestations de piété, de loyalisme.

  • Période(s)
    • Principale : 1er siècle av. JC

L'ensemble était organisé autour d'un portique en U, aux ailes faisant retour au nord en direction du Mont Cavalier, que domine encore la tour Magne. Ce portique enfermant un espace sacré (temenos) assurait la liaison entre un théâtre localisé au nord-est et une grande salle voûtée dite Temple de Diane à l'ouest. La partie centrale est occupée au nord par le Bassin de la Source, où ressurgissent les eaux souterraines, canalisées au centre vers un nymphée (grotte abritant la source) bordé de portiques. Une plate-forme centrale, à laquelle on accédait par deux ponts amovibles, avait sa partie haute décorée d'une frise continue de rinceaux et ses angles marqués par des colonnes corinthiennes. Du fait de ces colonnes, cette plate-forme est qualifiée de stylobate. Au centre du stylobate s'élevait sans doute un autel dédié à Rome et Auguste : il n'en subsiste que la trace d'un massif de maçonnerie.

Du théâtre, dégagé au XVIIIe siècle, mais re-comblé peu après, il ne reste que l'évocation suggérée par un mouvement de terrain sous la pelouse. Partie intégrante de l'Augusteum, ce théâtre était réservé à des spectacles dionysiaques et des jeux scéniques de type grec donnés en l'honneur des empereurs régnants. La confrérie thymélique des artistes dionysiaques de Nîmes se réunissait à des dates régulières, dans le cadre de synodes par exemple.

Faisant retour sur l'aile avant du portique, le pseudo temple de Diane appartient pour l'essentiel à la première phase de construction augustéenne. Une vaste salle centrale, encadrée de deux couloirs latéraux, a conservé une partie de son volume constitué d'arcs en grand appareil de largeurs imposantes, certains en saillie, donnant ainsi l'illusion de doubleaux. Les murs latéraux, intégralement conservés au nord, étaient ornés de colonnes composites plaquées sur les murs, avec douze niches réparties dans les parois couronnées de frontons alternativement triangulaires ou cintrés. Le mur du fond est percé de trois baies. Celle du milieu a perdu son plafond sculpté (les restes sont déposés au sol) et son grand fronton, seulement connu par des gravures anciennes. Les baies latérales assuraient la communication avec des couloirs dont les sols en pan incliné permettaient d'accéder à l'étage supérieur (aujourd'hui arasé). Les chapiteaux, l'ordonnancement du décor intérieur, les caissons plats des plafonds, les proportions générales correspondent aux normes architecturales de la période augustéenne. En revanche, la façade à l'est avec ses trois arcades formant l'entrée, a été très remaniée au IIe siècle, sans doute à l'époque d'Hadrien, lorsque l'Augusteum a été réhabilité. On épilogue toujours sur la destination de ce monument : s'il faut écarter l'hypothèse d'un temple en l'honneur de Diane, on ne peut refuser celle d'une salle réservée à des célébrations liées au culte de l'empereur, ou bien celle d'une bibliothèque.

Dans les vestiges de pilettes de pierre au-dessus du bassin de réception des eaux qui borde le portique au sud, certains ont vu les traces d'un temple, d'autres celles de thermes. Il faut plus vraisemblablement les identifier avec des vestiges de propylées, entrée monumentale édifiée à l'époque d'Hadrien, qui donnait accès depuis la ville à l'aire sacrée de l'Augusteum. En revanche, la plate-forme de maçonnerie adossée au bassin de la Source (partie actuellement gazonnée) correspond sans doute, étant donné la proximité immédiate de la source, à la base d'un groupe statuaire ou à l'emplacement d'un autel dédié au dieu Nemausus.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1840/01/01
    inscrit MH, 1989/05/26
    classé MH, 1991/08/23
  • Précisions sur la protection

    .Thermes antiques et nymphée (temple de Diane) : classement par liste de 1840 ; Parcelle 306, y compris le sous-sol et tous les éléments architecturaux et décoratifs qu'elle comprend (sauf parties classées) ; parcelle 307 dite terrain Solignac, y compris le sous-sol ; bâtiments du Mas-Rouge sur la parcelle 1 ; parcelles 2, 3 et 4, y compris le sous-sol (sauf parties classées) (cad. DV 1 à 4, 10, 306, 307) : inscription par arrêté du 26 mai 1989 ; Ensemble du jardin de la Fontaine, y compris le sous-sol, avec tous les bâtiments et les éléments architecturaux et décoratifs qu'il comprend ainsi que le canal dans toute sa longueur (parcelle 306, sauf partie 306P correspondant à l'ancienne buvette) ; façades et toitures de l'ancienne orangerie ou pavillon d'entrée (cad. DV 10, 306) : classement par arrêté du 23 août 1991

  • Référence MH

Site inscrit 20 05 1947 (arrêté) ; Site archéologique : 30 189 25 AH ; Voir aussi : Tour Magne ; 18 04 1914 (J.O.). Objets mobiliers protégés OMH.

Bibliographie

  • PEROUSE DE MONTCLOS, Jean-Marie (dir.). Le guide du patrimoine Languedoc-Roussillon. Paris : Hachette, 1996 (col. Guides du patrimoine), 623 p.

    p. 385-386
  • ROTH-CONGES, Anne et GROS, Pierre. "Le sanctuaire des eaux à Nîmes". Chapitre IV, le nymphée. Revue archéologique du Centre de la France, 1983, 22-2, p. 131-146. Accessible en ligne sur Persée : https://www.persee.fr/doc/racf_0220-6617_1983_num_22_2_2375?q=nymph%C3%A9e

    p. 131-146
  • BON, A. "La fontaine de Nîmes". Revue des études anciennes,1940, 42-1-4, p. 580-592.

    https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1940_num_42_1_3144?q=temple+de+diane

    p. 580-592
Date(s) d'enquête : 1994; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Inventaire général Région Occitanie
Massy Jean-Luc
Massy Jean-Luc

spécialiste d'architecture antique

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.