Le lotissement a été réalisé par la Société Jeanne-d’Arc, dite « Société du Pré de la Conque » qui était présidée par Eugène de Séguret, propriétaire à Veyrac, commune de Luc. Les terrains, situés entre la rue Béteille et la rue de l’Amphithéâtre ont été acquis en 1861 par le couvent de la Providence, alors dirigé par Henriette de Séguret et devenu la pension Jeanne-d’Arc au début du 20e siècle.
Comme l’atteste le plan daté du 31 mars 1927, dressé par l’architecte ruthénois Jules Andrieu, la Société immobilière du Pré de la Conque envisage à cette date de percer une nouvelle voie entre les rues de l’Amphithéâtre et Béteille et de vendre les terrains riverains. Il est très probable qu’une concertation entre la société et la Ville ait eu lieu dès cette période, puisque le mois suivant, l’architecte de la Ville Alphonse Soumet dresse le plan d’ouverture des futures rue Pasteur et de Séguret-Saincric. La première reprend le tracé prévu par la Société en passant dans l’immeuble Frézal, l’immeuble du syndicat agricole et les jardins de la société immobilière ; la seconde, tracée perpendiculairement et joignant la rue Raynal et la rue Planard, passe dans les terrains de Mme Roc (avec construction), ceux de la société immobilière et des sœurs franciscaines et dans l’enclos des bains Verdeille. Ce projet d’ouverture est approuvé par le conseil municipal le 16 mai 1927. Cette décision est confirmée trois mois plus tard après l’enquête publique.
L’ouverture des deux rues de 10 m de largeur est approuvée par le préfet le 1er décembre 1927. L’arrêté précise que les travaux doivent être exécutés après l’acquisition par la Ville des terrains concernés, à l’amiable ou par voie d’expropriation pour cause d’utilité publique. Cet achat est décidé un an plus tard, le 26 novembre 1928 et prévoit que la plus-value effectuée par les divers propriétaires riverains soit reversée à la commune.
En décembre 1928, Louis Duplaix, représentant à Clermont-Ferrand de la Société Bernheim frères et fils (société spécialisée dans les lotissements), agissant pour le compte de la Société immobilière du Pré de la Conque, dépose le projet de lotissement à la mairie. Le cahier des charges mentionne l’accord entre la Ville et la Société au sujet de l’ouverture et des travaux d’aménagement des rues. Le conseil municipal donne alors son avis favorable.
L’accord entre la Ville et la société immobilière n’intervient toutefois qu’un an plus tard. Le projet dressé par M. Duplaix est par le conseil municipal examiné le 16 novembre 1929. Il prévoit :
- le versement d’une somme de 350 000 francs pour l’acquisition des terrains et les frais de viabilité, à supporter par la ville pour l’ouverture de deux rues ;
- la cession gratuite de l’assiette des deux rues ;
- la réalisation du lotissement suivant les directives du plan proposé par les services de la ville ;
- l’exécution des travaux dès l’approbation du lotissement ;
- enfin l’achèvement des travaux de viabilité au plus tard le 31 décembre 1930.
La somme proposée par Duplaix est acceptée « en représentation de la plus-value que les travaux exécutés par la mairie de Rodez donneront aux terrains avoisinantes », à condition que les pans coupés soient portés à 10 m (au lieu des 3 m prévus en 1927) et que les frais de construction des trottoirs soient remboursés par les riverains.
Le lotissement est donc approuvé par le conseil municipal le 13 décembre 1929 puis par le préfet le 25 mars 1930. Selon le programme du lotissement, les lots doivent être vendus à la demande des acquéreurs. Le cahier des charges prévoit que les terrains de la société soient réservés à la construction de maisons d’habitations, de villas avec jardins. L’exploitation de tout établissement dangereux ou incommode est interdite. La clôture sur rue doit être réalisée dans les six mois suivant l’achat du terrain et comporter un mur de 1 mètre de hauteur surmonté d’une grille ou d’un treillage. Aucune préconisation n’est formulée concernant l’aspect des constructions.
La réalisation de ce lotissement est considérée par le maire Eugène Raynaldy comme « la plus importante de toutes [les opérations] qui ont été traitées à Rodez depuis fort longues années ». Elle présente un grand intérêt pour la Ville puisqu’elle permet alors la création d’un « quartier neuf », parfaitement aménagé et à moindre frais : les travaux de voirie sont exécutés sous le contrôle de l’architecte de la ville et les recettes doivent couvrir les dépenses engagées. Si la rue Pasteur est ouverte dès 1930, seul un tronçon de la rue de Séguret-Saincric est aménagé dans un premier temps en raison de la présence de la « Maison des bains du Foirail » côté rue Planard. Ce tronçon est prolongé en 1939-1940, suivant l’arrêté préfectoral du 22 juillet 1939 et après la démolition de l’établissement de bains.
L’emplacement central du lotissement favorise sa construction rapide. Les principaux architectes ruthénois de l'époque - André Boyer, Jean Vigouroux et Jules Andrieu - dressent les plans de maisons individuelles, d’immeubles et de plusieurs établissements commerciaux, tels que le Crédit Agricole ou le Comptoir métallurgique du Rouergue. L’école maternelle et primaire Jeanne-d’Arc est aussi édifiée dans les années 1930.