Dossier d’œuvre architecture IA11007249 | Réalisé par
  • dossier ponctuel
bourg monastique de Lagrasse
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Aude
  • Commune Lagrasse

En l’état actuel des connaissances, les religieux sont les premiers habitants attestés sur le site de Lagrasse. L’abbaye fut fondée par Charlemagne le 19 janvier 779 et devint rapidement l’un des plus puissants établissements religieux du Midi, possessionnée jusqu’en Catalogne. Jusqu’à la Révolution, l’abbé est resté le seul seigneur de la ville de Lagrasse, malgré les tentatives de quelques bourgeois, à la fin du 13e et au 14e siècle, de se soustraire de sa justice et se placer directement sous la protection du roi.£Le bourg se situe sur la rive droite de l’Orbieu, face à l’abbaye construite sur la rive gauche. Les vestiges d’une ancienne église paroissiale sont encore visibles dans le cimetière communal, aux portes du monastère, qui aurait pu indiquer qu’une première agglomération existait sur la rive gauche, mais que rien ne permet d’attester. L’espace urbain sur la rive droite présente une trame régulière sans soute issue d’une ou de plusieurs planifications. Le réseau des rues au nord semble antérieur au pont médiéval qui fut peut-être construit à la fin du 12e ou au début du 13e siècle, en tous cas avant 1274. Les plus anciennes mentions du bourg ont été retrouvées dans les archives de l’abbaye, lesquelles sont conservées sans lacune particulière depuis sa fondation jusqu’à sa dissolution à la fin du 18e siècle. Le bourg n’apparaît pas avant le début du 13e siècle. Entre 1201 et 1287, date à laquelle la ville obtint une charte de coutumes, l’agglomération est citée 21 fois, principalement dans des formules attachées à des titres de viguiers ou de notaires. Onze sont liées au titre de Bérenger Major, notaire de l’abbaye et de la ville, personnage parmi les plus importants de Lagrasse au 13e siècle puisqu’il fut le représentant de l’abbé dans la ville, son viguier, entre 1257 et 1274. Le sceau de Bérenger Major a été retrouvé dans un champ près de l’abbaye en 2013. Il représente le pont fortifié de Lagrasse, indiquant donc que ce dernier avait été construit au moins avant 1274. Un texte de 1211 révèle que la fonction de viguier existait déjà et qu’elle était occupée par un membre de la noblesse locale : P. de Roquenégade (PAILHÈS, p. 106).£La ville semble avoir atteint un apogée dans les dernières années du 13e et la première moitié du 14e siècle. Le bourg apparaît régulièrement dans les archives de l’abbaye et parmi les 91 maisons antérieures au 15e siècle repérées dans l’espace urbain, la moitié pourrait dater de cette période. Le 2 mai 1287, 387 chefs de famille, représentant « plus des deux tiers » des hommes de la ville ratifièrent un acte adressé à l’abbé Auger de Gogenx (1279-1309) pour lui demander de respecter les coutumes et les libertés de la ville (AD Aude, H 153). L’abbé leur accorda une charte de coutumes par laquelle la communauté pouvait désigner chaque année deux à quatre consuls (AD Aude, H 8, f° 183). Le sceau de la communauté des habitants a été conservé sur l’acte d’adhésion de la ville au jugement prononcé par Philippe IV contre le pape Boniface 8, le 25 juillet 1303 (BEDOS Brigitte, Corpus des sceaux français du Moyen Âge, Tome premier : Sceaux des villes, Archives Nationales, Paris, 1980, p. 266) : il représente le pont fortifié et porte en légende « + S. U[NIVERSIT]ATIS HOMINUM BURGI GR[AS]SE », c’est-à-dire : « Sceau de l’université des hommes du bourg de Lagrasse ». Dans la première moitié du 14e siècle, le marché de Lagrasse apparaît comme le plus actif des basses Corbières. Sous l’abbatiat d’Auger de Gogenx (1279-1309), le marché avait été transféré extra muros et équipé de halles. En 1315, les consuls avaient obtenus du nouvel abbé que la halle soit démontée et remontée sur l’ancienne place à l’intérieur de la ville, afin de faciliter l’accès aux assemblées commerciales et valoriser les biens qui s’y trouvaient (AD Aude, H 8, f° 191 v). Entre 1345 et 1348, le marché avait été réorganisé, ses accès dégagés, des maisons détruites pour agrandir l’espace commercial et répartir 57 tables de commerçants et d’artisans, parmi lesquels 18 bouchers et autant de travailleurs du cuir.£La situation semble se renverser à la fin des années 1340. En 1348, le viguier de Narbonne écrivait aux consuls de Gérone (Catalogne) pour leur fournir des renseignements sur la peste qui sévissait alors dans les pays d’Aude (VILLANUEVA Jaime, Viage literario a las iglesias de España, Urgell y Girona, t. 12, Academia de la Historia, Madrid 1850, p. 270-271). Il indiquait que la population de la région avait diminué d’un quart au moins et qu’à Lagrasse, des ennemis du roi de France suspectés d’avoir empoisonné des puits avaient été brulés. L’année suivante, le 28 mars 1349, le syndic du monastère déplorait une forte chute du prix des loyers et des cens suite à la mortalité de la peste l’année précédente dans le bourg (MAHUL, t. 2, p. 481). Du milieu du 14e siècle au milieu du siècle suivant, aucune nouvelle maison n’a été repérée dans le bourg. Le sentiment d’insécurité semble avoir été très important à Lagrasse durant cette période. En 1359, suite à un procès avec le seigneur-abbé porté devant l’évêque de Carcassonne, les habitants étaient autorisés à construire leur église paroissiale à l’intérieur des fortifications, alors qu’elle se trouvait sur la rive gauche de l’Orbieu (AD Aude, H 8, f° 23 v). Les habitants avaient réclamé ce transfert après la chevauchée sanglante d’Édouard Plantagenêt en Languedoc et l’acte de 1359 indique que le motif principal de leur requête était la crainte de s’aventurer hors de la ville. À cette date, les fortifications furent aussi réhabilitées et l’abbé accepta que les moellons d’une maison sise dans le faubourg qui lui appartenait soient utilisées à cet effet. Les nombreuses pierres en remploi encore visibles sur la portion de courtine au nord-est de la ville proviennent peut-être de cette maison.£Malgré une diminution certaine de la population à la fin des années 1340, Lagrasse s’est maintenue parmi les plus grandes villes de sa région. En 1383, elle était la sixième ville de l’Aude d’après le nombre de feux fiscaux enregistrés (158), après Narbonne (873), Carcassonne (807), Limoux (504), Castelnaudary (203) et Montréal (200). À la fin du Moyen Âge, elle avait encore une certaine prospérité, comme en témoignent les vastes demeures constituées par de riches marchands dans la seconde moitié du 15e et la première moitié du 16e siècle, décorées de plafonds à poutres et solives ou à caissons souvent peints.£Tout au long de l’Époque moderne, la ville de Lagrasse a perdu sa prospérité et son rayonnement régional. Peu de maisons postérieures au milieu du 16e siècle et antérieures au 19e siècle sont conservées. Le recensement du nombre de feux réels en 1709 montre que si les cinq premières villes de l’Aude étaient les mêmes qu’en 1383, Lagrasse avait été reléguée en 18e position. Lagrasse avait seulement gardé une importance locale, puisqu’elle est devenue chef-lieu de canton en 1789, statut qu’elle a conservé jusqu’en 2015.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine

Le bourg de Lagrasse se développe sur la rive droite de l’Orbieu, face à l’abbaye. Avant la création de l’agglomération, il s’agissait probablement d’un site de carrefour. Une route provenant de la plaine de l’Aude suivait l’Orbieu vers les Corbières à une hauteur suffisante pour éviter les crues. À Lagrasse, la route descendait vers la rivière où se trouvait alors un passage à gué formé par quatre barres rocheuses affleurant dans le lit. C’est à ce niveau qu’arrivait une autre route qui permettait de rejoindre la plaine de Tournissan vers le sud-est et la route des Corbières, menant aux mines de Maisons et Palairac. Il est probable que l’agglomération d’origine se soit formée autour de ces axes. L’actuel quartier sommital du Pech (autour de 135 m NGF d’altitude), au sud du bourg, pourrait ainsi avoir été le premier urbanisé, ainsi que la partie occidentale de long de l’Orbieu et près du passage à gué.£Au nord, la partie basse de l’agglomération (autour de 120 m NGF) présente un relief moins accidenté et une trame viaire orthonormée, laissant supposer que cette partie de la ville fut planifiée. Le plan est composé de rues nord/sud suivant la courbe dessinée par l’Orbieu à l’ouest, coupées à intervalles réguliers par des rues transversales perpendiculaires. Il est probable que la partie nord du bourg fut constituée par deux planifications successives, l’une autour des deux rues des Mazels et Saint-Michel, l’autre autour des rues Paul Vergnes et Magène. Cette planification a aussi concerné les terroirs environnants, celui des Condamines au nord et celui des Étiroirs à l’est. Les limites parcellaires correspondent dans ces terroirs au prolongement des rues situées intra muros.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Inventaire général Région Occitanie