Dossier d’œuvre architecture IA11007153 | Réalisé par
  • dossier ponctuel
maison
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Aude
  • Commune Lagrasse
  • Adresse 15 rue des Deux Ponts
  • Cadastre 1831 B 0106, 0110, 0111 ; 2016 B 0328

La façade de la maison a été entièrement remontée avec les matériaux d’une maison datant du 4e quart du 13e ou du 1er quart du 14e siècle, d’après les modénatures et les traces d’outil. Le mur de refend daterait de cette même période, d’après les modénatures et les techniques de construction. La découverte, au printemps 2016, d’une planche peinte de sous face remployée comme volige dans la maison pourrait être datée d’après la présence des armes de l’archevêque de Narbonne Bernard de Farges (1311-1341) : si elle provient de la maison d’origine, cela permettrait de resserrer la fourchette de datation au 1er quart du 14e siècle. Selon un mouvement observé dans de nombreuses autres maisons du même îlot, la maison fut agrandie vers l’ouest probablement dans le 4e quart du 15e ou la première moitié du 16e siècle sur un espace vide qui était compris entre l’élévation postérieure de la maison et le rempart de la ville, alors aliéné. Il est fort probable que la reconstruction de la façade date de cette même période.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 14e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 15e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 16e siècle

La façade, à l’est, sur l’ancienne rue marchande des Deux Ponts entre le pont médiéval et la place de la Halle, a une largeur de 10,30, parmi les plus importantes de l’agglomération. Dans sa configuration actuelle, elle se développe sur trois niveaux. Elle est construite en calcaire froid à patine jaunâtre provenant des carrières de la rive gauche de l’Orbieu et les faces des pierres sont dressées à la laye. Alors que les pierres sont proprement taillées, leurs angles sont souvent cassés et elles sont mises en œuvre dans un appareil assez peu soigné. L’appareil est assisé et aucun joint n’est rectiligne. Les pierres semblent être disposées à l’avenant alors que, de toute évidence, elles auraient pu être mises en œuvre dans un appareil soigné et réglé. Les deux arcades segmentaires du rez-de-chaussée sont chanfreinées et amorties par des congés au motif bifolié concave surmonté d’une baguette, courant dans le 4e quart du 13e-1er quart du 14e siècle à Lagrasse. Cependant, contrairement à l’ensemble des baies construites durant cette période, elles ne sont pas extradossées. Au centre de la façade, une porte couverte d’un linteau s’ouvre sur un passage couvert. Au premier étage, les piédroits des deux fenêtres sont chanfreinés et ont des congés identiques aux baies du rez-de-chaussée. Les encoches taillées dans leur tableau devaient recevoir des croisillons. Au deuxième étage, les deux fenêtres au sud et au nord ont des piédroits en remploi identiques à ceux des fenêtres du premier étage. L’appui de la fenêtre nord est aussi un remploi : il semblerait qu’on puisse reconnaître le chanfrein d’un arc. Il est aussi probable que cette façade fut reconstruite lors d'une phase de remaniements de la 2e moitié du 15e ou de la 1ère moitié du 16e siècle. L’élévation postérieure actuelle est l’ancien rempart de la ville, aliéné.£À l’intérieur, le passage sur lequel s’ouvre la porte mène vers une petite cour carrée, aménagée lorsque le corps de bâtiment ouest fut bâti sur l’espace vide à l’arrière de la maison. C’est désormais à partir de cette cour que sont distribuées toutes les pièces et les étages. Le mur est, partiellement visible dans la cour, correspond au mur de refend d’origine de la maison, situé à une distance d’environ 7 m de la rue et à peu près autant de l’élévation postérieure d’origine : il divisait la maison en deux. Il se développe sur une hauteur de trois niveaux. Au rez-de-chaussée, il est ouvert par une arcade au bout du passage couvert (les élévations du passage s'appuient contre l'arcade). L’arcade présente une arrière-voussure vers l’ouest, vers la cour intérieure (ancienne pièce arrière de la maison). Au premier étage, une porte bouchée est couverte d’un arc brisé ; le mur sud de la cour intérieure a été construit contre son bouchage, à peu près au centre de l’arcade. Son chanfrein est amorti par des congés identiques à ceux des baies de la façade. Le parement auquel elle est liée est d’un petit appareil irrégulier en moellons ébauchés et cailloux. Au deuxième étage, une autre porte est identique. Elle est liée à un parement d’une mise en œuvre plus soignée qu’à l’étage inférieur, d’un petit appareil assisé en moellons équarris et cailloux. Les deux baies avaient leur arrière-voussure à l’est : elles s’ouvraient donc vers la pièce avant de la maison, du côté de la rue. L'élévation postérieure actuelle, c'est-à-dire l'ancien rempart de la ville, a été percé par de nombreuses baies et aménagements après la construction de l'extension de la maison, notamment, près de l'angle nord au dernier étage, de latrines dont les corbeaux en encorbellement au-dessus de l'Orbieu et l'accès désormais bouché sont conservés.£Le fragment de planche peinte de sous face remployé comme volige mesure environ 2,30 m x 0,28 m (la propriétaire en a fait don à la Mairie). Certaines représentations sont comprises dans des cercles, d’autres dans des quadrilobes. Des armes proches de celles de l’archevêque de Narbonne Bernard de Farges (1311-1341) sont représentées : écartelées, elles portent en 1 une croix pattée de gueules sur un champ d’argent ; en 2 un pot de sable noir ; en 3 illisible ; en 4 une croix de gueules. Des armes sont représentées deux fois, peut-être celles du propriétaire, sans doute la famille de Roquenégade, seigneurie dans l’actuelle commune de Montlaur limitrophe de Lagrasse : d’argent à la bordure denticulée de gueules, à la fasce de même chargée de trois rocs d’échiquier d’argent. Il est évidemment impossible de savoir si cet élément en remploi provient de la maison. Cependant, sa datation (1ère moitié du 14e siècle) correspondrait bien avec celle qui peut être proposée à partir des modénatures et des techniques de construction.

  • Murs
    • calcaire
    • moellon
    • moyen appareil
    • pierre de taille
  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Inventaire général Région Occitanie