La maison a été construite sur la portion orientale de la rue des Cancans qu’elle a bouchée : son arrière-cour a gardé la forme du tracé de la rue. Sa façade se développe sur la rue Saint-Michel, ancienne rue marchande, face au débouché de la rue des Cancans qui est connectée, à l’ouest, au pont médiéval sur l’Orbieu.£La maison appartient aujourd’hui à deux propriétaires différents (un au nord : 1 rue Saint-Michel, cad. B1689 ; un au sud : 3 rue Saint-Michel, cad. B0036) et son espace intérieur est divisé entre les deux propriétés. Sur la propriété sud, la façade d’origine a été entièrement détruite et reconstruite à l’époque contemporaine. Sur la propriété nord, l’angle nord-ouest est intégré à l’intérieur de la maison mitoyenne (11 rue des Cancans, cad. B0028) qui est postérieure et dont la construction a bouché la portion nord de la rue Saint-Michel. La partie encore en élévation de la façade médiévale est située sur la propriété nord, sur une largeur d’environ 4,50 m, alors que la façade d’origine devait avoir 13,85 m, l’une des plus importantes du bourg (moyenne des maisons antérieures au 15e siècle : 6,80 m). Le matériau utilisé pour le gros-œuvre est un calcaire froid à patine jaunâtre, provenant de la rive gauche de l’Orbieu. Le parement est d’un moyen à grand appareil réglé en pierre de taille dont les faces sont dressées à la laye. Au rez-de-chaussée, deux baies mutilées, couvertes d’arcs segmentaires extradossés, sont partiellement conservées. Elles sont dotées d’arrière-voussures segmentaires. Celle de droite (sud) est à l’état de négatif : ses claveaux ont été retirés pour l’insertion d’une fenêtre et sa partie droite (sud) a été arrachée en même temps que la façade de ce côté ; il est possible qu’une série d’arcades s’ouvrait sur toute la largeur de la façade. Au premier étage, un cordon d’appui en grès a été bûché. Il est cassé au niveau de la fenêtre contemporaine, près de l’angle gauche (nord), qui a été insérée à l’emplacement d’une ancienne fenêtre géminée dont les piédroits et les claveaux sont en grès de Carcassonne, aux angles moulurés d’un tore. Ce type de fenêtre géminée est rare à Lagrasse, où les piédroits sont généralement chanfreinés et en calcaire froid d’extraction locale et où les arcs ne sont pas clavés, mais monolithes.£À l’intérieur, un mur de refend situé à 5,25 m de la façade et d’une épaisseur de 52 cm divise la maison en deux espaces équivalents. Il est largement ouvert par une série de trois arcades. L’arcade centrale (située sur la propriété sud), segmentaire, a une largeur de 4 m et les deux arcs de part et d’autre, en plein-cintre avec impostes régnant, ont une largeur de 2,50 m environ. Celui au nord semble avoir été remonté : des traces d’arrachement sont visibles entre son piédroit nord et le parement du mur de refend. De même, un cordon en quart-de-rond soutenant le plancher du premier étage, encore visible sur toute la longueur du mur de refend, sur le mur latéral nord, et sur une partie du mur de façade dans la pièce avant (ouest) du rez-de-chaussée, a été détruit au-dessus de l’arc. Le parement, là où il n’est pas recouvert d’enduit, c’est-à-dire partout où le cordon est visible, est d’un appareil irrégulier peu soigné, en cailloux et moellons ébauchés. Aucun vestige n’est visible dans la pièce arrière, du côté de l’est. Tout à fait au nord, une autre baie couverte d’un arc en plein-cintre est sans doute plus tardive.£Au premier étage, les murs sont entièrement recouverts d’enduit. Seul le piédroit chanfreiné d’une baie bouchée apparaît au-dessus de l’arcade centrale du mur de refend (propriété sud).