Dossier d’œuvre architecture IA11007133 | Réalisé par
  • dossier ponctuel
maison
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Aude
  • Commune Lagrasse
  • Adresse 11 place de la Halle
  • Cadastre 1831 B 0142  ; 2016 B 1598, 1840, 1841

D’après les modénatures et les techniques de construction, la maison peut dater du 4e quart du 13e ou du 1er quart du 14e siècle (deux phases distinctes de construction ont peut-être été menées durant cette large période, qu’il serait difficile de distinguer à cause de la déconnexion entre les quelques éléments en place). Elle a été en grande partie reconstruite à la fin du Moyen Âge. Toutes les parties pouvant être rattachées à cette phase de reconstruction ont été datées du 4e quart du 15e siècle par les représentations des plafonds peints à l’intérieur, similaires à celles des plafonds de la maison 16 rue Paul Vergnes (cad. B0230) qui ont été datés des années 1491-1492 par l’héraldique. Cependant, R. Hyvert avance une reconstruction de la partie en encorbellement entre 1533 et 1543, en se fondant sur un échange de 1543 (source non citée) entre le cordonnier Georges Vault et Nicolas Roux qui avait bâti la maison. R. Hyvert n’explique pas le choix du terminus post quem, mais il est probable qu’il se fonde sur la Reconnaissance du diocèse civil de 1533 (A.D. Aude, 17 C 1), dans laquelle n’apparaît effectivement pas Nicolas Roux. Enfin, en se fondant sur les modénatures, R. Hyvert estime que la porte de la tour d’escalier est contemporaine de celle de la maison 16 rue Paul Vergnes, cad. B0230, qu’il datait des environs de 1495 (mais qui est probablement antérieure).

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 13e siècle, 1er quart 14e siècle
    • Secondaire : 4e quart 15e siècle

La maison forme un angle entre la rue des Mazels, à l’est, et la traverse de la Halle, au nord. L’escalier en vis du 4e quart du 15e siècle est construit dans un renfoncement de l’angle nord-est et accessible directement depuis la rue par une porte en grès de Carcassonne, matériau pulvérulent. Son tympan est sculpté d’un blason trop érodé pour être reconnu, lequel est inscrit dans une étoile à six branches.£L’élévation orientale, sur la rue des Mazels, est en encorbellement sur deux niveaux. Les quatre piliers du rez-de-chaussée sont chanfreinés, avec des congés habituels à Lagrasse dans le 4e quart du 13e-1er quart du 14e siècle (bifolié surmonté d’une baguette), et ont des coussinets dont le profil est courant à cette même époque (deux quarts-de-rond à listel superposés en ressaut). Le coussinet du pilier de droite (nord), composé de trois tores à listel séparés par des gorges, est plus long pour supporter l’angle de l’encorbellement. Cependant, d’après les représentations sur les closoirs du plancher du 1er étage (débarrassés d’un badigeon en 1941 (R. Hyvert) et maladroitement repeints dans les années 2000), le pan-de-bois daterait de la fin du 15e siècle. L’encorbellement du 1er étage est étayé par des aisseliers s’appuyant contre les piliers. L’encorbellement du 2e étage est moins avancé. Les closoirs extérieurs étaient décorés de rinceaux.£L’élévation nord, sur la traverse de la Halle, a été reconstruite, probablement à la fin du 15e siècle. Son parement est d’un appareil irrégulier en cailloux et moellons ébauchés, mettant parfois en œuvre des moellons à la face dressée à la laye et quelques cales en terre cuite. Le quart occidental de cette élévation a été construit après 1831 : à cette date, lorsque le cadastre fut dressé, cette partie de la maison n’était pas construite et était une impasse. La ligne de reprise est encore visible dans le parement entre ces deux parties, bien que les baies soient identiques, de la fin du 19e siècle. Dans la partie orientale, aucune trace convaincante de reprise n’a pu être observée autour des baies, ce qui pose un problème de chronologie relative (il serait nécessaire d’effectuer un relevé de l’élévation après retrait total de l’enduit qui la recouvre encore partiellement). L’angle gauche (est) de cette élévation est constitué de pierres de taille dressées à la laye en remploi. La quatrième en partant du sol est taillée d’une encoche mal orientée pour aisselier. L’angle est chanfreiné au rez-de-chaussée et un congé en pointe de diamant (similaire à ceux des plafonds peints du 4e quart du 15e siècle à l’intérieur) l’amorti en partie supérieure. Sur le petit côté oriental en retour de cette élévation, les pierres d’un pilier chanfreiné, avec congés moulurés en boule (identiques à ceux de la halle d’Auger de Gogenx (1279-1309)) sont remployés pour former une baie. Une des pierres est taillée d’une encoche pour un aisselier.£À l’intérieur, la maison est divisée en trois pièces principales à chaque niveau (elles sont généralement cloisonnées) : une pièce à l’est (actuelle parcelle B1840), une pièce au sud-ouest (actuelle parcelle B1841) et une autre au nord-ouest (B1598).£La cave est elle aussi divisée en trois pièces. La pièce orientale (B1840) est un creusement tardif (fin de l’Époque moderne ou époque contemporaine), directement dans le substrat, qui a entraîné le rehaussement du niveau de la maison : le rez-de-chaussée n’est plus de plain-pied, alors qu’il l’était encore après les remaniements du 4e quart du 15e siècle (comme l’atteste la porte de l’escalier en vis bouchée par ce rehaussement). La pièce orientale de la cave communique avec la pièce sud-ouest (B1841) par une baie pratiquée dans le substrat près de l’angle sud du mur séparant les deux pièces. La pièce sud-ouest est aujourd’hui divisée en deux parties par une cloison en pierre, mais, à l’origine, elle constituait un ensemble unitaire. Avant le creusement de la cave orientale et le percement du nouvel accès, cette pièce était accessible par l’escalier en vis du 4e quart du 15e siècle qui débouchait dans son angle nord-est (cet accès d’origine a été récemment rouvert). Dans la cave, de grandes dalles en grès étaient disposées sur le seuil de l’escalier. Les parois de cette pièce sont parementées, ce qui est le cas des caves antérieures à l’Époque moderne à Lagrasse, et elle est voûtée parallèlement à la rue des Mazels. Le voûtement a entraîné le rehaussement du rez-de-chaussée de la pièce sud-ouest. Dans le mur oriental, outre l’arrivée de l’escalier en vis près de l’angle nord, un placard est aménagé dans œuvre. De même, deux placards et deux niches de part et d’autre ont été aménagés dans l’élévation sud. Leur fond laisse apparaître le substrat. Deux cheminées incorporées à l’élévation ouest s’ouvraient sur des soupiraux, comme c’était le cas dans la cave d’une maison voisine (1 rue des Mazels, cad. B0250). Les deux cheminées ont été bouchées et un puits a été creusé à l’emplacement de celle de gauche (sud) dont ne subsistent que le manteau et la hotte. Deux niches carrées sont ouvertes sous la cheminée de droite (nord). Enfin, la pièce nord-ouest de la cave (B1598) est peut-être contemporaine de la phase de construction la plus ancienne de la maison (4e quart du 13e-1er quart du 14e siècle). Elle est désormais accessible depuis une baie dans son élévation sud, qui communique avec la pièce sud-ouest, et son accès d’origine n’est pas connu (il se faisait peut-être par l’angle nord-est). Au-dessus de la baie actuelle, un chapiteau ou une base de pilier sans décor, dressé à la laye, est en remploi, visible du côté sud-ouest. Au moment de sa visite, en 2012 et en 2013, la cave nord-ouest était en grande partie encombrée par un cône de déjection lié à un soupirail près de son angle nord-ouest, nuisant aux observations. Elle est voûtée dans la continuité de la pièce sud-ouest (parallèlement à la rue des Mazels). Une arche d’une profondeur de 2 m prolonge la cave sous la rue, comme c’est le cas d’une maison voisine (10 place de la Halle, cad. B0322) : dans cette dernière, l’arche a la même profondeur et se trouve sous l’espace d’un portique du côté de la place. On peut donc supposer que la maison était elle aussi équipée d’un portique dont la limite se trouvait au-dessus de l’élévation nord de la cave, 2 m au nord de la façade ; que la façade de cette maison était au niveau de la façade actuelle, mais était largement ouverte au rez-de-chaussée par une baie sous sablière soutenue par un pilier intermédiaire, lequel reposait sans doute sur le pilier encore visible dans la cave ; que les piliers en remploi dans une baie au rez-de-chaussée du retour oriental de l’élévation nord sont issus de cet ancien portique. Lorsque le portique fut supprimé et la façade reconstruite en pierre, deux renforts furent construits dans la cave pour supporter son poids. Selon cette hypothèse, la traverse de la Halle n’avait pas la forme qu’on lui connaît aujourd’hui et était bordée par des portiques sur son côté méridional.£À partir du rez-de-chaussée, un mur de refend parallèle à la rue des Mazels divisait la maison en deux parties, sur la limite actuelle entre les parcelles B1840 et B1841. Au rez-de-chaussée, il était largement ouvert par une série d’arcades chanfreinées, en plein-cintre, non extradossées : trois sont encore partiellement conservées, celle du nord ayant été détruite par la construction de l’escalier en vis. La base des piliers de ces baies n’est pas visible, se trouvant sous le niveau du sol rehaussé par les voûtes de la cave. Les impostes sont moulurées en cavet, décoré de trois roses ou de trois demi-boules, surmonté d’un réglet. Les deux arcs conservés ont une largeur identique de 2,75 m et les piliers ont une largeur de 50 cm. Selon ces mesures, le pilier détruit au nord se serait prolongé jusqu’au noyau de l’escalier en vis. Le rythme des piliers du mur de refend est identique à celui des piliers supportant l’encorbellement de la façade orientale ; il est probable que les deux structures soient contemporaines (4e quart du 13e-1er quart du 14e siècle). Le sol rehaussé de la pièce sud-ouest (B1841) était composé dans sa moitié nord de dalles, peut-être contemporaines du voûtement de la cave. Le dallage, en mauvais état de conservation, a été récemment détruit. Il était composé de dalles disposées régulièrement, d’une longueur moyenne de 65 cm et d’une largeur de 16, 24 ou 38 cm. Sur certains alignements, des cales en terre cuite permettaient l’ajustement. Dans la partie sud de la pièce, où le carrelage était postérieur au dallage, les propriétaires auraient mis au jour des monnaies du 17e siècle sous la chape lors de la destruction (information non vérifiée).£L’escalier en vis desservait au rez-de-chaussée la partie orientale de la maison (B1840) par une porte de plain-pied, que le rehaussement du niveau de sol lié au creusement de la cave a condamné. Une autre porte (aujourd’hui bouchée), s’ouvrait vers la pièce sud-ouest (B1841), dont le seuil est de plain-pied avec le niveau rehaussé de la cave sud-ouest. Au 1er étage, deux portes jumelées aux angles adoucis donnaient accès aux pièces occidentales. Le linteau de celle de gauche, vers la pièce sud-ouest (B1841), est mouluré d’une accolade. Une troisième porte donnait accès à la pièce est (B1840), dont le seuil est conservé une marche au-dessus des deux portes précédentes et le linteau en saillie sous l’enduit. Au 2e étage, deux portes jumelées donnaient accès aux pièces est (à gauche, B1840) et sud-ouest (à droite, B1841). La porte actuelle vers la pièce nord-ouest (B1598) est un percement récent.£Outre ces quelques éléments, des plafonds peints ont été mis au jour en 2013 au rez-de-chaussée de la partie nord-ouest de la maison (B1840) et au 1er étage de la partie sud-ouest (B1841 ; mise au jour partielle). Tous deux sont décorés de motifs courants dans les plafonds peints de la fin du Moyen Âge à Lagrasse : armes, marques de marchands, végétaux, animaux. Au rez-de-chaussée, on peut signaler, entre autres : la croix occitane ; des lions ; une marque complexe répétée sur plusieurs closoirs (celle du propriétaire ?). Au 1er étage : un pélican avec sa piété ; des lévriers et les armes d’Anvers, deux représentations similaires à celles des plafonds de la maison 16 rue Paul Vergnes (cad. B0230) datés de 1491-1492, bien que ce ne soit pas le même artiste qui les ait peintes dans les deux maisons. Au 1er étage, la pièce sud-ouest était ajourée à l’ouest par une fenêtre géminée sur la cour intérieure, partiellement détruite par la fenêtre actuelle, dont sont conservés le piédroit et le départ d’arc de droite (sud).

  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Inventaire général Région Occitanie