En 1854, Guillaume Vergnes, marchand de bois, fait construire une maison et une forge sur le site jusque là inoccupé en utilisant une dérivation précédemment à usage agricole. Il y ajoute un martinet l'année suivante et un atelier en 1857. En 1863, construction d'une scierie, d'une magasin à bois, d'une fabrique de peignes en bois et d'un logement de gardien. En 1871, agrandissement de la scierie puis disparition de la fabrication de peignes. En 1877, vente à Auguste Calbet, de Lapradelle (Aude) qui transforme une partie de la scierie en scierie de marbre. En 1882, vente à l'investisseur parisien Charles Fortier-Beaulieu. 1886 : François Coll, banquier à Limoux, puis ses héritiers vers 1895. C'est à cette époque qu'apparaît la fabrication de chapeaux (manufacture de chapeaux de feutre de mérinos Favereau-Calbet). En 1900, vente à Elie Olard, marchand de bois (fabrique de chapeaux Huillet, sans mention d'autre activité). L'activité se développe et Noël Huillet rachète les bâtiments avec Paul Laserre en 1908. Les constructions se succèdent jusqu'à la Première Guerre mondiale.
Jean Bourrel, important fabricant de chapeaux d'Espéraza, est appelé après guerre pour relancer la production de l'usine, ravagée par une crue de l'Aude. En 1921, ill devient propriétaire de l'usine et poursuit le développement du site ; la majorité des bâtiments du siècle précédent disparaît et un pont reliant l'usine à la ville est offert à celle-ci par l'industriel porte la date 1928. Le pont porte le nom de sa fille et est inauguré par le président de la République Gaston Doumergue.
Une période de déclin commence en 1929 avec plusieurs changements de statut : Etablissements Bourrel réunis, S.A., dès 1929, puis S.A. de l'Industrie Chapelière de l'Aude, à Espéraza, en 1932. Le déclin s'accélère à la Libération et la production chapelière cesse vers 1955. Les bâtiments sont alors repris par la S.A. des Industries De La Rue qui devient peu après la S.A. Formica, spécialisée dans la fabrication de panneaux en fibre de bois et matière plastique. On note la construction de nouveaux bâtiments dont un groupement social en 1962, un atelier de matière plastique en 1963, un atelier de marbre reconstitué et une station de traitement des eaux usées en 1972. Bâtiment détruit à l'exception de parties logement et de bureau entre 2005 et 2010. En 1930, l'usine Bourrel emploie 900 personnes.