La rivière de Cesse, issue des monts du Minervois, a constitué un obstacle redoutable à franchir en raison des crues violentes qui ont été mal évaluées. Riquet n'a jamais envisagé de la passer sur un pont comme pour le Répudre en raison de l'importante dénivellation, de la longeur du remblai à construire et du coût de l'ouvrage d'art : un véritable barrage de navigation est édifié en travers de la rivière pour élever le niveau de l'eau.

En avril 1683, lors de la deuxième navigation, le révérend père Mourgues décrit la chaussée comme "un ouvrage du sieur Gillade en ligne courbe de 112 toises de long faisant comme une espèce de pont couché, il y a 1800 toises cubes de très bonne maçonnerie dans cette chaussée, laquelle fait reculer la rivière de plus de 600 toises de long sur 250 de large, ce qui forme un très beau port où une armée navale nombreuse pourrait être à l'ancre, si elle pouvait y venir, car le fond est assez grand. L'eau de la rivière qui passe sur la chaussée, et qui tombe de près de 300 toises, fait une nappe d'eau qui efface toutes celles que j'ai vues, et qui parait une mer d'argent d'une très belle nuance lorsqu'elle est éclairée par le soleil".

L'ouvrage d'art est décrit en 1684 par d'Aguesseau dans son procès-verbal de réception. Il y signale que "quoique cet ouvrage soit très solidement bâti, nous l'avons pourtant trouvé entamé par les inondations extraordinaires de l'hiver dernier qui ont fait une brêche de 23 toises au même endroit où la rivière passait auparavant."

Cette remarque montre la fragilité de la chaussée soumise aux crues. La démolition du barrage suspend la navigation et oblige à réparer l'ouvrage à grands frais. Cela explique que Vauban préconise la construction d'un pont canal lors de sa tournée d'inspection du canal du Midi. Antoine Niquet en dresse les plans et sa construction, entre 1689 et 1690, est confiée au maître-maçon Jean Goudet.

La façade amont, endommagée par les violentes crues de la Cesse, a dû être entièrement remaniée. La façade aval n'a pas été modifiée depuis le XVIIe siècle.