• enquête thématique régionale, Canal du Midi
pont Saint-Rome
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Aude
  • Hydrographies Canal du Midi
  • Commune Saint-Nazaire-d'Aude
  • Lieu-dit pont Saint-Rome
  • Cadastre 2021 AR non cadastré
  • Dénominations
    pont

Le pont est placé dans une courbe prononcée. Son plan présente un intérêt particulier dans la mesure où il constitue un exemple unique dans la typologie de la Grande Retenue avec ses ailes curvilignes rampantes qui prolongent les culées.

Le pont Saint-Rome à Saint-Nazaire-d'Aude a connu des vicissitudes qui sont rapportées dans les différents courriers rédigés par Bruno Raynal, sous-directeur des travaux du canal. C'est aussi la première fois sur la Grande Retenue, que la maîtrise d’œuvre est assurée directement par le personnel du canal. La construction négligée et l'absence d'un entretien régulier n'ont pas contribué à maintenir l'ouvrage en état : aucune réparation n'est attestée dans le fonds des affaires civiles du diocèse de Narbonne avant , date à laquelle des travaux urgents sont payés à Joseph Anselme, maçon à Canet.

Au 19e siècle, la situation sanitaire s'est agravée. Dans ses "Notes relatives à l'état de dégradation dans lequel se trouve le pont de Saint-Nazaire sur le canal..." rédigées en 1825, Raynal signale que la "tête d'amont du pont (...) se détache de l'arche : l'effort est grand puisque les voussoirs sont rompus en entier [...] La clavade de ce pont est faible (0.30) la qualité de la pierre très mauvaise, le pont mal bâti est des plus vieux du canal". Mais à cette époque le danger ne vient pas seulement de navigation et des chocs causés par les barques : "il est à craindre que le pont sur lequel passent des voitures considérablement chargées, pour alimenter la fabrique d'eau de vie de St Nazaire ne s'écroule sous leur poids ; ce qui pourrait occasionner de grands malheurs et encombrer la voie du canal". Il propose la pose de deux tirants en fer clavetés sur le parements pour maintenir la voûte en place aux frais des communes de Saint-Nazaire et Sainte-Vallière.

Si la pose des tirants est réalisée, l'entretien de l'ouvrage n'est pas vraiment assuré et, en décembre 1837, Raynal signe un autre "projet de reconstruction du pont de St-Nazaire combiné à redressement de la cuvette du canal et le recreusement du contre-canal de la Joncasse". Le mémoire joint au dossier nous informe que le pont est signalé par les usagers comme un des plus difficiles à passer. Raynal dénonce d'ailleurs le placement systématique des ouvrages dans les virages. Ce choix qui était peu gênant quand la vitesse de navigation était lente, devient un inconvénient majeur avec la vitesse accélérée. Il signale aussi la vétusté de l'ouvrage qui ne tient plus que par l'armature de fer posée il y a une dizaine d'années.

Il n'est pas donné suite au projet de 1837 et un autre voit le jour en novembre 1838. Le mémoire détaille les procédures qui seront mises en oeuvre pour la démolition et la reconstruction du pont. La démolition du vieux pont peut intervenir pendant la vidange du bief et à l'interruption de la navigation. Une couche de terre de 50 cm d'épaisseur est accumulée sous les bajoyers du pont pour amortir la chute des blocs lors de la démolition. On met en place des batardeaux en amont et aval et l'ingénieur interdit de poser les pierres en assises régulières afin d'augmenter la résistance des culées.

Le coût de la reconstruction estimé à 25.000 francs a été revu à la baisse sur la demande de la direction générale et, en 1839, le devis des travaux est ramené à 19.000 francs la réduction se faisant au détriment de la qualité des maçonneries : ainsi les banquettes doivent être désolidarisées des culées en laissant un vide entre les parements. En définitive le chantier a coûté 29.000 francs. Les surcoûts sont dus à des problèmes survenus pendant le chantier mais aussi lors du transport en urgence de la pierre par une barque marchande louée pour la circonstance entre les carrières de Béziers et Saint-Nazaire juste avant le "chôme" du canal. A cela s'est ajouté le manque de main d'oeuvre qui a retardé l'évacuation des déblais.

LE 2 octobre 1839, un orage violent a inondé le chantier, obligeant les maçons à se réfugier dans leur cabane, envahie en quelques instants par 1.50 m d'eau tandis qu'une vague d 1 mètre a déferlé sur le chantier. Les flots ont dévasté les maçonneries des banquettes qui ne sont pas liées aux culées, les renversant dans le canal.

En dépit de ces nombreux incidents, Raynal s'est félicité de son action durant les travaux : "qu'il me soit permis de le dire, le pont de Saint-Nazaire a été construit avec le plus grand soin, et, si complètement réussi, il a été fait sans aucun des accidents plus ou moins grands qui viennent toujour contrarier les travaux considérables et que j'ai réussi à prévenir. Sans le jour fatal du 2 octobre, il aurait été commencé et fini à la satisfaction de tout le monde".

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1838, daté par source

Le pont est placé dans une courbe prononcée. Il est construit en pierre de taille issue d'une carrière de Béziers (Brégines). L'arche surbaissée prend appui sur deux puissantes culées. Le parapet en courbe qui le surmonte compte trois assises de pierre. Il est renforcé de chaque côté par des piliers régulièrement placés et qui assurent la bonne stabilité de l'ensemble.

  • Murs
    • pierre maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    liste du patrimoine mondial
Date(s) d'enquête : 1998; Date(s) de rédaction : 2016