La source située au sud d’Alet, sur l'avenue Nicolas Pavillon, appartient en 1769 à Antoine Cuxac. La source est nommée alors source de la barque. Celle-ci est vendue en 1772 à Mathieu et Dominique Guilhem. Un premier bâtiment situé en E288 du cadastre ancien est édifié sur la source en 1774 par Fauré, le nouveau propriétaire. Dominique et Mathieu Guilhem sont propriétaires des parcelles 289 et 290, Louis Bernard de la parcelle 291 et Jérôme Maury de la glacière (AD11-4E083N1).
Gensanne, lors de sa visite en Languedoc, notifie la présence d’une source d’eau thermale à la sortie d’Alet (au sud), qu’on appelle les bains d’Alet. Les eaux sont ferrugineuses et peu chaudes, pas plus de 24 degrés Réaumur. Il ne décrit pas l’établissement. Il s’attarde longuement sur le peu de soin accordé aux terres cultivées, et mentionne la présence d’une mine de fer (GENSANNE, 1778, p.152-153). En 1800, un tableau est adressé au préfet comportant la liste des sources et fontaines minérales de l’Aude (AD11-S795). À Alet, quatre sources sont alors repérées. Un établissement de bains est mentionné appartenant à Faure d’Alet et Corneil de Cépie (source au sud, dite des bains ou de la buvette). Ses eaux sont réputées pour soigner les maladies de la peau, les paralysies, les plaies et les maladies vénériennes. On paie 60 cts le bain, et il n’y a pas de douche (1800). En 1818, le préfet Claude-Joseph Trouvé (dit baron Trouvé) mentionne les bains à Alet. Il décrit quatre sources, dons celle du midi qui alimente des bains. Il décrit les thermes d’Alet en les résumant à trois piscines où l’on se baignait en commun. Elles étaient creusées dans le sol et recouvertes de planches en bois afin de maintenir la température (TROUVÉ, 1818, p.52-53).
Des améliorations constantes
À partir de 1821, les bains d’Alet sont la propriété de Louis Bernard. Il les restaure et les agrandit. Mais Alet semble peu attirer l’intérêt des médecins et chimistes, dont les publications et observations peuvent contribuer au développement de l’exploitation des eaux. Bernard se lance toutefois dans de grands travaux d’embellissement et de modernisation. L’allée d’arbres qui mène à l’établissement, sur la parcelle 291 du cadastre ancien, date de 1821. Cette même année, le bâtiment est étendu sur la parcelle E288 du cadastre ancien. En 1823, le bâtiment d’origine est à nouveau augmenté sur la parcelle 288. La galerie de bains est construite en 1854 (AD11-4E083N1). Maynard relate les travaux réalisés alors. L’eau était chauffée afin de gagner quelques degrés, sans altérer ses propriétés curatives. Des tuyaux acheminent l’eau vers des cabines pourvues de baignoires. Les cabines du premier étage donnent sur la rivière. Au second étage et dans le bâtiment neuf, se trouvent une salle de réunion et plusieurs chambres bien meublées.
En 1846, la propriété Maury est vendue. Thimothée Larade et son épouse s’en portent acquéreurs, et réunissent l’ensemble des parcelles autour de la source sous la même propriété. En 1858, la source buvette est captée. Larade étend sa propriété en faisant l’acquisition de la parcelle 293p en 1859. En 1853, Larade étend sa propriété au sud en faisant l’acquisition des parcelles 287 et 286 de Loubet. C’est sur ces terres nouvellement acquises qu’il fait édifier l’hôtel des bains en 1860, et le bâtiment de manutention et d’embouteillage est construit en 1861. En 1862, Eugène Larade, le fils, devient propriétaire de l’établissement. La source buvette est alors aménagée en 1862.
En 1874, Gourdon situe l’établissement thermal d’Alet au sud, sur la rive droite de l’Aude. Il décrit l’ensemble des bâtiments, un parc en contrebas de la route, et une promenade en terrasse au bord de la rivière sur 300 mètres. Trois corps de bâtiments sont reliés en un seul par des constructions récentes. Le bâtiment principal est l’hôtel, dont la capacité est de plus de 100 personnes. Il comprend un grand salon, trois salles à manger, un cabinet de lecture et un billard. En bas de ce bâtiment, se trouvent les sources (du rocher et buvette) et la piscine. Le bâtiment de bains s’étend en parallèle de la route. On y accède par une allée de sycomores. Il comprend 20 cabines de bains et 30 baignoires. Il est découvert du côté de la route. L’établissement est ouvert toute l’année, et l’usage des eaux sur les lieux est des moins onéreux. L’établissement est alimenté par deux sources réunies en 1859 par un nouveau captage. L’eau s’élève à une température de 27°5, elle est chauffée pour les bains. Le propriétaire des eaux M. Larade, a découvert une nouvelle source abondante suite à des fouilles, la source buvette. En 1860, Larade obtient une autorisation d’exploiter la source buvette comme source d’eau minérale (GOURDON, 1874, p.344-345). En 1863, (AD11 3P2054) Eugène Larade étend l’établissement sur les parcelles 289 et 290.
La Compagnie Générale des Eaux et des Bains de Mer et M. Rémédi
En 1883, Eugène Larade vend l’établissement thermal, les jardins et la maison à la Compagnie générale des eaux minérales et bains de mer. L’établissement comprend alors 34 baignoires dont 6 avec appareillage. Au début du XXème siècle, l’Établissement de la source buvette est édifié. Il se situe en amont de l’établissement ancien. Il comprend des douches, des installations hydrothérapiques, une buvette. La Compagnie rénove également l’hôtel qui devient le grand hôtel des bains. La mise en bouteille pour la commercialisation se situe dans une usine d’embouteillage tout à côté, au bord de l’Aude. L’ensemble est pris en gérance au cours de l’été 1917 par M. et Mme Rémédi. Ils fabriquent de la limonade d’Alet.
Alet-les-Bains est classée station hydrominérale le 28 mars 1923 par décision ministérielle. Un casino est créé d’abord dans les locaux de l’ancien évêché, avant de rejoindre le rez-de-chaussée de l’Hôtel Terminus, juste en face de la source buvette, dans les années 1960. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, quatre usines de limonade se font concurrence. Il en reste deux à la fin des années 1960 et il n’en existe plus aujourd’hui (RUIZ, 1997, p.2).
Après la Seconde Guerre mondiale
Durant 25 ans, dans l’hôtel restaurant de l’établissement de la source buvette, les curistes ont bénéficié, outre des vertus de l’eau, de soirées dansantes et de réceptions. L’établissement exploitait également l’eau minérale et fabriquait la limonade d’Alet. Les activités liées au thermalisme et à la consommation d’eaux en boisson s’interrompent après la seconde guerre mondiale. Les bâtiments reviennent au Dr Rémédi, chirurgien à Béziers. L’autorisation d’exploiter la source buvette en tant que source d’eau minérale est révoquée en 1984. Après plusieurs tentatives de réhabilitation, en HLM ou en maison de retraite, l’établissement abrite aujourd’hui des logements.