Dossier d’œuvre architecture IA11000261 | Réalisé par
  • patrimoine de la villégiature
Présentation de la station d'Escouloubre-les-Bains
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pyrénées
  • Commune Escouloubre
  • Lieu-dit Escouloubre-les-Bains
  • Dénominations
    établissement de bains

La station thermale d’Escouloubre-les-Bains se situe dans le département de l’Aude, sur la rive droite de la rivière du même nom. Elle se situe à proximité du point de rencontre des départements de l’Aude, de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales. Plusieurs versions existent quant à la signification du nom d’Escouloubre, qui pourrait signifier eaux-chaudes. La racine serait alors commune aux Escaldes dans les Pyrénées-Orientales ou bien à l’Escaldadou, rivière d’Amélie-les-Bains dans laquelle se jettent les sources d’eaux chaudes. D’autres auteurs y voient une racine étymologique commune avec le mot esculeus qui signifie chêne à gland en patois, arbre très présent dans le secteur (VIDAL, 1981, p.16). Une autre référence renvoie vers la forte concentration de couleuvres dans le secteur, qui attirées par les eaux chaudes, pulluleraient (ibid). Sur la rive gauche, se dressent les bains de Carcanières, les deux stations sont seulement séparées par la rivière Aude, au fond d’une vallée encaissée.

La difficulté d’accès, l’isolement et le peu d’intérêt que portent les chimistes aux eaux d’Escouloubre retardent le développement de l’exploitation de la station. Les eaux d’Escouloubre-les-Bains bénéficient des mêmes propriétés curatives qu’à Molitg. Située à 910 m d’altitude, le thermalisme se développe à Escouloubre entre 1880 et 1950. La route de Quillan à Montlouis, qui passe par la station, a été ordonnée par Vauban. Après la signature du traité des Pyrénées en 1659, Vauban fait construire le fort de Montlouis (1679) pour surveiller et protéger la nouvelle frontière avec l’Espagne. Mais la route Vauban est assez impraticable avec ses pentes et contre-pentes (BONNAIL, 1905).

L’origine de l’exploitation

Les sources existent avant la Révolution française. Elles appartiennent alors à la Marquise de Poulpry, seigneur d’Escouloubre, depuis le XVIème siècle. Jusqu’à la Révolution française, les bains sont très rudimentaires. Ils se composent d’une baraque construite de branches d’arbres qui fait office de vestiaire. Deux trous creusés dans une prairie recueillent l’eau chaude qui jaillit du sol et font office de piscine. Les bains s’y prennent en commun, et les malades viennent des alentours. Après la Révolution, la Marquise de Poulpry vend la prairie et les sources au Sieur Bonnet dit Claque d’Escouloubre, qui revend l’ensemble au Sieur Courrent, officier de santé, le 20 mars 1792 (FERRAND, p. 4, 1888). Les premières bâtisses, encore rudimentaires, datent de 1793. Courrent fait édifier une petite maison couverte de planches, dans laquelle il installe des baignoires en bois alimentées par des canaux et tuyaux, creusés dans de simples troncs d’arbres. Il donne son nom à la source (bain fort).

Courrent revend la bâtisse, la prairie et les sources en 1812 à Mathieu Perramond, qui agrandit, élève le bâtiment et y adjoint une écurie. Mathieu Bonnéric, légataire universel de Mathieu Perramond, hérite du lieu en 1853 et fait construire la grande maison qui sert d’hôtel (hôtel vieux) et améliore les installations hydrothérapiques en remplaçant les installations en bois par des baignoires et tuyaux en ciment. Le 14 décembre 1854, un décret de classement d’Escouloubre-les-Bains élève la station au statut de station hydrominérale, et une autorisation d’exploitation des 4 sources Marie, Laetitia, Poulpry et Courrent est délivrée. Les conditions d’accès ne sont guère aisées. À Escouloubre, les ponts et chaussées étudient de nombreux projets pour améliorer la route Vauban. Le projet du Dr Piogey est retenu : établir une route le long de la rivière Aude, sur le modèle de la Pierre-Lys. En 1854, Alibert Constant (1854, p.3) écrit que la route départementale d’Axat à Roquefort est terminée, mais que le chemin de Roquefort à Carcanières (Escouloubre) " n’est pas sans péril ". Toutefois, le classement de la station ouvre la fréquentation à une clientèle plus élargie. Les locaux sont accueillis aux côtés d’un public français et étranger (espagnols).

Amélioration des installations

Mathieu Bonnéric décède en 1864, et sa veuve hérite de l’établissement. En 1865, les aménagements sont à nouveau améliorés, et des baignoires en marbre et en fonte remplacent celles en ciment. La veuve Bonnéric née Bonnail installe des robinets de bronze au bain fort, et fait placer 4 baignoires en grès dans la bâtisse dite du bain doux. Les tuyaux de conduite d’eau sont établis en terre cuite. Grâce à ces perfectionnements, les baigneurs arrivent en nombre et les propriétaires peu à peu améliorent les installations en se conformant aux sciences hydrologiques. Près de l’hôtel, les bains, douches, tables d’hôtes et appartements sont aménagés. La clientèle se diversifie. Henri Ferrand en 1888 déclare le bénéfice que constituera la route nationale 118, qui passe devant l’établissement. Il vante un "chemin admirable, sans contredit l’un des plus pittoresques des Pyrénées, et dont la pente ne dépasse pas les 3 centimètres par mètres".

Aménagement des accès et fréquentation

La Route Nationale 118 est terminée en 1890. En 1902, Lagarde propose deux trajets possibles depuis Quillan, et mentionne encore l’aspect périlleux de la partie entre Roquefort de Sault et Escouloubre. Quatre heures séparent alors Escouloubre de Quillan, soit 36 km. La construction de la route à la fin du XIXe siècle facilite l’accès à la station d’Escouloubre, un service de diligence et d’autobus assuraient la liaison entre Quillan et la station, régulière jusqu’en 1920.

La fréquentation d’Escouloubre est importante compte tenu de la longueur du trajet. La construction de la route en 1890 marque un véritable tournant. Il y avait déjà 1000 baigneurs en 1884 (FERRAND, 1888, p. 43), la station accueille en 1908 plus du double, soit 2500 baigneurs (CAZALS, 1991, p.22). L’augmentation du nombre de baigneurs est significative après l’ouverture de la nouvelle route nationale 118, malgré le mauvais état de la portion carrossable entre Roquefort-de-Sault et Escouloubre. Les difficultés d’accès aux stations étudiées ne semblent pas avoir tant impacté la fréquentation à Escouloubre. L’efficacité des eaux semble prévaloir sur la pénibilité du trajet.

La ligne de chemin de fer Quillan-Axat ouvre en 1904. La gare d’Axat se trouve à 20 km d’Escouloubre, et un service de voitures et d’autobus assure le transport des baigneurs. Toutefois, si les routes sont de mauvaise qualité pendant longtemps, il semble que la réputation salutaire des eaux ait dépassé les inconvénients inhérents au voyage.

De l’apogée au déclin

L’hôtel neuf est construit en 1910 par le nouveau propriétaire Sarda, qui a épousé la fille Bonnail. L’établissement prend alors le nom de Sarda-Bonnail. En 1916, l’usine hydroélectrique d’Escouloubre est construite par la Société Méridionale du Transport de Force, dirigée par Joaquim Estrade. L’électricité est alors distribuée gratuitement aux habitants. Ce privilège est remis en question dans les années 1940, lorsque la Société Méridionale de Transport de Force est nationalisée en EDF. L’établissement décline pendant la seconde guerre mondiale. Les sources Marie et Laetitia sont fermées au public en 1958.

L’agrément de la Sécurité Sociale permet d’accueillir des baigneurs jusque dans les années 1960. En 1974, l’agrément de la Sécurité Sociale est refusé, l’établissement thermal d’Escouloubre-les-Bains ne fonctionne plus depuis 8 ans, les eaux ne font plus l’objet de contrôle sanitaire.

En 1981, les héritiers Sarda procèdent à la vente de l’établissement thermal. Martine Baills du Soler s’en porte acquéreur, avec l’intention de poursuivre l’exploitation des sources Poulpry et Courrent. Mais elle n’effectue pas les contrôles sanitaires, et demande elle-même la suspension des contrôles sur les eaux. L’activité thermale s’interrompt en 1984, avec la révocation de l’autorisation d’exploitation des sources Poulpry et Courrent.

L’établissement est divisé et vendu en lot. La plupart sont des propriétés privées.

La station est aujourd’hui à l’abandon

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle , daté par source

La station thermale d’Escouloubre-les-Bains se compose de plusieurs ensembles. L’établissement Sarda-Bonnail est le plus conséquent. Il comprend :

- Les deux hôtels, le vieux (1853) et le neuf (1910)

- La villa Marguerite, ou maison des ménages, pension de famille

- La villa Rosette

- La chapelle

- La maison des propriétaires et la remise

- Le café et les bains doux

- Les bains forts, attenants à l’hôtel neuf

- La buvette Marie et Laetitia

Plus bas dans le hameau, on trouve également :

- L’hôtel Esparre

- Les établissements Roquelaure, hôtel et café

Ces ensembles sont aujourd’hui désaffectés. Certains sont redécoupés en logements individuels. La plupart est à l’abandon.

Documents d'archives

  • AD Aude-5M115 : Surveillance des sources, brochure de 1907, puis 1930-1936.

    AD Aude : AD11-5M115
  • AD Aude, S800, Préfecture, 1854

    AD Aude : S800
  • AD11_127_PW08877_12_C02, Cadastre ancien de 1791

    AD Aude : AD11_127_PW08877_12_C02
  • AD Aude 5M114, Surveillance des sources.

    AD Aude : 5M114
  • AD Aude 5M111, Eaux Minérales, 1908-1935.

    AD Aude : 5M111

Bibliographie

  • VIDAL Achille, Il était une fois Escouloubre, Mutatis Mutandis, 1985

    AD Aude : C°523
  • BONNAIL, Haute vallée de l'Aude et ses environs, Escouloubre-les-Bains, 1905

    AD Aude : N°932
  • FERRAND, Notice sur les eaux sulfurées sodiques des bains d'Escouloubre, 1888

    AD Aude : N°1559-105
  • RUIZ, Sophie, Les stations thermales du Languedoc Roussillon, étude Monuments Historiques, 1999, non publié.

  • CAZALS, Rémy, Sources de l’Aude, Archives Départementales de l’Aude, Carcassonne, 1991.

    AD Aude
  • VIDAL, Escouloubre, petit village en péril, petit essai d'histoire anecdotique, 1981

  • p. 261-274
  • ALIBERT, Notice sur les eaux minérales de Carcanières, 1853.

    Bibliothèque nationale de France
  • LAGARDE, J-L. Guide pratique du baigneur dans les stations thermales de l'Aude, 1902.

  • CHABAUD Nathalie, Exposition du service culturel de la mairie d'Escouloubre, non publié.

Documents figurés

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Université de Perpignan Via Domitia, laboratoire CRESEM
(c) Inventaire général Région Occitanie