Entre 1916 et 1922, 1 638 militaires ont été soignés à l'hôpital militaire des Campagne, et 82 sont décédés sur place. Parmi eux, 38 n’ont pas été réclamés par les familles, et sont enterrés au cimetière de Campagne. Les soldats qui mourraient à l’hôpital militaire étaient enterrés la nuit dans le cimetière communal de Campagne, à l’abri des regards des autres malades et des habitants du village. Mais rapidement, les décès sont de plus en plus nombreux. On pense alors à organiser le regroupement de tous ces soldats dans un carré spécifique aux militaires, et de rendre hommage à leur service à la Nation. Dès 1917, un projet de création de cimetière militaire est lancé avec l’acquisition du terrain par le propriétaire Croux Clément. Sur les 1 600 mètres2 envisagés au départ, le nouveau cimetière est finalement ramené à 342 mètres2, sur la base estimée de 20 décès par an pendant 5 ans. Le terrain acquis par l’Armée jouxte le cimetière communal. L’année 1919 a été particulièrement meurtrière avec les ravages de la grippe espagnole. La situation se fait pressante.
Le 26 mars 1919, le préfet de l’Aude autorise la création d’un cimetière militaire à Campagne. Les militaires sont alors répartis entre le cimetière communal et le cimetière militaire, ce qui entraîne des tensions entre l’Armée et la commune. Le cimetière communal se fait de plus en plus étroit pour l’accueil des habitants. Le conflit dure de nombreuses années, jusqu’à l’intervention de Prosper Callat, ancien secrétaire de la chambre de commerce de l’Aude. Il parvient à trouver un terrain d’entente et fait exhumer les militaires enterrés entre 1917 et 1919 dans le cimetière communal pour les intégrer au carré militaire. Le cimetière militaire est définitivement aménagé et inauguré le 4 mai 1989. Une stèle commémorative est installée, portant les noms des 38 soldats inhumés. Tout à côté, une autre stèle rend hommage à Prosper Callat et à sa ténacité dans l’aboutissement du projet de cimetière militaire à Campagne-sur-Aude, amorcé plusieurs décennies avant lui