Lusine de Saint-Nestor, dite « usine Nestor » est construite en 1975-1976 par le groupe textile lavelanétien Roudière. Ce dernier possède déjà des usines à proximité, en particulier sur son site historique de la Coume-Mirabeau (IA09010002 et IA09005108) ainsi que rue Jacquard à Lavelanet (IA09010073). Lusine Nestor, bâtie sur des plans de Pierre Biagioni et dont le chantier est supervisé par René Hans, permet de réunir en un même site tissage d'écrus (fils non teints), teinture en pièce (teinture d'écrus) et atelier d'apprêts pour écrus. Le fonctionnement de lusine est effectif en septembre 1976 sur 14 450 m2 dateliers (données communiquées en assemblée générale aux actionnaires en 1977, AD09 325W223). A son extension maximale, lusine atteint 40 000 m2 de surface développée. La mise en service de cette unité de production doit permettre, selon les mots dAndré Roudière lui-même, dengager la production dune nouvelle génération détoffes en polyester texturé, et dinstaller de nouvelles machines de teinture, plus modernes. La même année, l'entreprise dAndré Roudière passe sous le contrôle financier du groupe ""Révillon"", puis de la ""Compagnie financière de Matignon"" (CoFiMat) en 1983 (Minovez, 2013, p.179). Vers 1979, André Roudière prend sa retraite et nomme Jacques Foropon PDG de ""Roudière"". Vers 1982, André Roudière vend ses parts au groupe cotonnier normand Masurel, filiale de Révillon. Ce dernier nomme Jean Arpentinier PDG et Jacques Foropon, ancien directeur du marketing sous Roudière, devient alors Directeur Général (Minovez, 2013, p.165). En 1983, le groupe maîtrise toutes les étapes de la production textile ; il atteint le milliard de francs de chiffre daffaires (données AMTPC), et compte 2500 salariés en 1987, se positionnant alors sur les productions milieu de gamme (Daynac, 1994, p.159). En 1986, les Ets André Roudière deviennent ""Tissus Roudière"" (Daynac, 1994, p. 172). En 1988 le groupe ""Chargeurs"", dirigé par Jérôme Seydoux, rachète Roudière et licencie 750 personnes. Ce licenciement, relativement accepté compte tenu des résultats déclinants de la société, précède une autre vague, qui en 1990 concerne 450 personnes. Ce plan social est très mal reçu car il a été totalement incompris. Il y a eu de lourdes manifestations, les locaux ont été occupé par les employés, le directeur général, Jacques Foropon a été séquestré. En quatre ans, le groupe perd 50 % de ses effectifs (Daynac, 1994, p.176). La baisse de lactivité impacte les sous-traitants, qui disparaissent progressivement. En 1989-1990, le groupe ""Chargeurs"" procède à une restructuration de la société ""Roudière"" (Minovez, 2013, p.165) en créant quatre sociétés indépendantes : ""Roudière SA"" sur le site de la Coume (IA09010002), qui se spécialise dans les tissus hommes (polyester laine fibres longues tissé teint), ""Avelana"" sur le site de lusine Nestor, qui se spécialise dans l'habillement féminin, ""FTL"", associant filature et teinture de laine dans un ensemble comprenant la teinture Jacquard (IA09010073) et la filature Textilia (IA09005111) et ""Brantôme"", filiale de la société ""Deldicque"" implantée dans le nord de la France, qui se spécialise dans les costumes pour homme en tissés teints. Cette dernière fonctionne moins de 2 ans et ferme en 1991. ""Chargeurs"" crée également ""Méca 09"" en 1988, dans les locaux de lancienne usine SITA fondée par Roudière (IA09010020), avec les anciens maçons et électriciens de ""Roudière"" (Minovez, 2013, p.179). Dans les années 1990, Christian Laffont est le président-directeur général dAvelana. Lusine , spécialisée sur le secteur habillement femme, dont le développement avait commencé sous Roudière dans les années 1980, exploite des filons novateurs grâce à un laboratoire de recherche et développement performant, actif en 1997, qui irrigue lensemble des unités textiles du groupe. Lusine de Nestor est alors la plus grosse unité de teinture en discontinu du monde. Durant les années 1990, lusine concentre teintures, apprêts et expéditions, et travaillent avec les écrus tissés au sein du groupe Chargeurs (usine TCS) ou à lextérieur (façonniers tels Tissages des Pyrénées, Mico, Plantié). Toujours intégrée au groupe Chargeurs, Avelana constitue lun des fleurons du groupe, alors que ce dernier, via les opérations « Dolly », se désengage massivement de la production textile. A la fin de la décennie, lentreprise dégage ainsi 500 millions de FF de chiffre daffaires. A cette période, Avelana promeut des tissus aux propriétés innovantes, comme le tissu XCL, mariage de laine et coton, conçu dans le cadre dun partenariat lancé en 1998-1999 (société « Roxclana » composé dAvelana et de lentreprise espagnole Royo, basée près de Valence). A cette date, Avelana est présenté comme spécialiste du tissu bi-extensible lainé, tandis que Royo excelle dans le denim (coton). La production dun tissu « anti-stress » permet aussi de renforcer la visibilité de la société à létranger. A partir de 2002, lusine Avelana forme avec lusine Roudière SA lentité Fashion Company, dirigée par Christian Laffont, filiale de Chargeurs Fashion. Linnovation est poursuivie : la gamme Inanova est lancée en 2004 ; elle produit des tissus anti-tâches et infroissables. Parmi les créations figurent les tissus Carbo Touch (tissu traité au carbone devenant anti tâches), Elixir (tissus extensible), Klimeo (thermo-régulant avec micro-capsules) (Minovez, 2013, p. 173). La conjoncture se complique toutefois. En 2005, un important mouvement social est généré par la perspective de 60 suppressions demplois sur les 238 de lusine. En 2007, Chargeurs se désengage partiellement en provoquant lentrée au capital, à hauteur de moitié, du groupe textile marocain Holfipar, qui approvisionne en tissage et filature. Lentreprise redresse la barre entre 2006 et 2008 (travail pour Air France via Christian Lacroix par ex.). Avelana travaille encore beaucoup sur lhabillement féminin à cette période. Les effectifs remontent à 270 salariés en 2006. Christian Laffont est alors toujours aux manettes. Lusine récupère alors lactivité autrefois assurée par Mirabeau SA (qui ferme en 2009). Dans les années 2000, on teint et on apprête les écrus peignés haut de gamme de sociétés du Nord de la France qui appartiennent aussi à Chargeurs, tels Deldicque, Lepoutre, Tiberghien La crise de 2008 constitue un coup dur. Chargeurs se désengage complètement en 2009 au profit dHolfipar. Lannée 2009 est catastrophique ; sur les cinq premiers mois de lannée, le déficit de lactivité est de -30 % par rapport à 2008. De très nombreux licenciements sont prononcés. En 2010, lactivité dennoblissement est reprise par Akim Tazi (à la tête dHolfipar) et Michel Deléglise (directeur industriel dAvelana), avec 38 salariés (60 étaient initialement promis). Cette relance se fait au prix dune division de la société Avelana en deux entités : « Avelana Société Nouvelle » qui assure la recherche et développement et la commercialisation (A. Tazi) et « Nestor », qui soccupe de la fabrication textile (M. Deléglise). Le projet décline rapidement ; lusine ferme définitivement avec la liquidation judiciaire annoncée le 3 septembre 2012. Le site est partiellement occupé par une entreprise de fabrication de textiles pour la défense en 2017, qui quitte les lieux dès 2018 en raison dune contrainte environnementale.£Laménagement de lusine saccompagne de la création dune retenue deau utilisée pour lactivité.£Lunité compte 238 salariés en 2005, 270 en 2006, 38 en 2010.
- patrimoine industriel
Dossier non géolocalisé
-
Commune
Villeneuve-d'Olmes
-
Lieu-dit
Saint-Nestor
-
Cadastre
2019 B 1992, 1993
-
Dénominationstissage, usine d'apprêt des étoffes, usine de teinturerie
-
Précision dénominationtissage de laine, usine d'apprêt des étoffes et teinturerie
-
Appellationsusine textile Nestor (Roudière), puis Avelana
-
Période(s)
- Principale : 4e quart 20e siècle
-
Dates
- 1976, date portée
-
Auteur(s)
- Personnalité : commanditaire
Lusine consiste principalement en un bâtiment de forme approximativement rectangulaire, denviron 200 mètres de long sur 100 mètres de large en moyenne, pour une surface au sol denviron 20 000 mètres carrés. Le bâtiment sétend sur huit travées successives de sheds de 25 mètres de large, dans lesquelles les ateliers prennent place.£Les murs porteurs, en béton, sont enduits. La charpente de lédifice repose principalement sur un système de piliers et de poutrelles métalliques. Dans la partie méridionale du bâtiment , plus récente (salle 10 notamment), larmature est constituée de piliers de béton armé soutenant une grande charpente en lamellé collé. Les charpentes soutiennent la toiture en shed ; la couverture alterne pans courts, au nord, en plexiglas ou verre, et pans longs au sud, en tôle de fibro-ciment.£La majeure partie du bâtiment sélève sur un niveau unique, mais se développe en deux endroits sur un étage supplémentaire, permettant laccueil de bureaux industriels et laboratoires (salles 11) et de bureaux (salles 16). Ces éléments en surélévation disposent dune toiture plate.£Lintérieur du bâtiment abrite un ensemble dateliers alloués aux différentes étapes de la production. Laccès depuis lextérieur se fait par différents portails métalliques en élévation nord, donnant sur la cour daccès, et par les portes principales disposées dans les locaux administratifs, en élévation est. Les espaces intérieurs sont distingués par des cloisons plus légères, pleines ou sinterrompant à mi-hauteur, en parpaings de briques ou béton. Ils communiquent entre eux par des portes sans battants dont certaines sont fermées par des rideaux à lanières. Plusieurs salles intègrent des locaux annexes destinés à des fonctions de direction, de gestion ou de repos.£Les bureaux industriels (salles 11) sorganisent autour dun couloir central, délimitant plusieurs salles aux cloisons vitrées pour partie. Eb élévation est, cette extension en hauteur donne sur lextérieur, accessible par un escalier métallique.£Sur ses côtés ouest, nord et est, lédifice est entouré dune esplanade engravillonnée. A lest de lédifice principal, un bâtiment annexe en bordure du Touyre accueille la chaudière, le stockage du fioul et la station de collecte des eaux usées.
-
Murs
- brique
- béton
-
Toitsciment amiante en couverture, matériau synthétique en couverture
-
Plansplan allongé
-
Couvrements
- charpente métallique apparente
- charpente en bois apparente
-
Élévations extérieuresélévation à travées
-
Couvertures
- shed
-
État de conservationbon état, établissement industriel désaffecté
Champs annexes au dossier - Architecture
- NOTB_G Michel Daynac, "Le secteur textile dans la région Midi-Pyrénées" et "Restructuration d'un groupe et reconversion d'un pôle industriel : le cas de Lavelanet", in C. Dupuy et J.-P. Gilly, L'industrie de Midi-Pyrénées : entre tradition et modernité, Toulouse
- NOTB_S Archives Départementales de l'Ariège : 325W223 (dossier économique d'entreprise).£La Dépêche du midi.£Données orales CCPO, AMTPC, Alain Moreno, Léon Jeurissen, Valérie Foropon, Christian Laffont, René Hans.
- APPA
- APRO
- ARCHEO
- AVIS
- CCOM
- CHARP
- CHARPP
- COORLB93
- COORMLB93 0604788 ; 6292529/0604884 ; 6202490/0604812 ; 6202303/0604764 ; 6202322/0604721 ; 6202392
- COORMWGS84 43.7253774578807, 1.81855802189908/42.9155127408787, 1.8362144458223/42.9138217271928, 1.83536736636594/42.9139862034442, 1.83477673765678/42.9146099221333, 1.83423806081224
- COORWGS84
- ENCA
- EPID
- ESSENT
- ETACT
- FEN
- FEN2
- FENP
- INTER
- MHPP
- NOPC
- OBSV
- PAVIS
- PETA_MA
- PLU
- PSAV_FA
- SAV_FA
- SELECT oeuvre sélectionnée
- TAILL
- TAILLP
- TOITU
- USER IV09160_LDESTREM
- VALID accessible au grand public
- VISI
- VISIB
- VOIR_AUSSI
- WCOM Villeneuve-d'Olmes
- IMP 20220315_R_01
-
Statut de la propriétépropriété privée
fermé au public