Le tissage Bourdil est issu dun premier atelier de tissage manuel fondé par le père de Lucien Bourdil vers 1900 dans un grenier du village de Lagarde. Ce pionnier travaille à façon, vendant sa production aux confectionneurs locaux. Lucien Bourdil, comptable et fonctionnaire des chemins de fer, sengage à vendre le stock de matière de son père après le décès de ce dernier, puis se forme au tissage à Lavelanet et fait construire le premier bâtiment dusine en 1931. Lucien Bourdil devient fabricant et vend sur Paris (Le Printemps, les Nouvelles Galeries) par le biais d'un représentant. Il meurt en 1953, au terme de quelques années difficiles pour la société. Son fils, Georges Bourdil, titulaire dun CAP textile de l'école de Vienne, le remplace et relance l'activité. L'entreprise porte alors la raison sociale « manufacture de draps Veuve Lucien Bourdil ». Pendant cinq ans, Georges Bourdil travaille comme façonnier pour Michel de la Giraudière (Ets Couquet Gendre de Dreuilhe, IA09010129), puis retrouve un statut de fabricant sur tissé teint pour les confectionneurs du Sentier à Paris, La Redoute, Les Trois Suisses La production atteint 500 à 1000 pièces de 50 m par mois, et sappuie sur un atelier de tissage et un retordage, construits et étendus dans les années 1960 et 1970. Bourdil travaille avec les apprêteurs (Couquet, puis Sicre-Maris, SITA) et les transporteurs du pays d'Olmes. En 1972-1973, il fonde une filature à Dreuilhe (IA09010036), moyennant une hypothèque sur ses bâtiments. Sa création a été motivée par la nécessité de disposer d'un outil propre (jusqu'alors, G. Bourdil donnait ses matières à filer sur Lavelanet, notamment chez Calvet). Georges Bourdil prend sa retraite en 1983. Le retordage est repris par Alberto Lima, formé chez Bourdil, qui part plus tard à Lavelanet. L'activité à Lagarde se termine à la fin des années 1990. Peu de temps après la fermeture, le tissage est racheté par Alain de Pracomtal, ex-PDG de Moët-Hennessy (branche vins et spiritueux de LVMH), société de luxe spécialisée dans le cognac. Ce dernier investit alors dans le projet porté par Alain Morihain, ancien éducateur de prison originaire de Bayonne qui avait lancé le concept de produits de luxe tissés par les prisonnières. A. Morihain aurait convaincu De Pracomtal d'investir dans ce projet et enclenchant la production de gros volumes. Cette activité de tissage haut de gamme entreprise AJM avait initialement été fondée à L'Aiguillon sur un ancien site peigner (IA09000865). L'entreprise ferme en 2007. L'ancien tissage, au sud (parcelle 673), partie plus ancienne, est dabord racheté par la mairie qui souhaite y installer une salle des fêtes, mais le projet n'aboutit pas. Une extension ultérieure, réalisée par Bourdil pour abriter des métiers sans navette, a été détruite dans les années 1990. Un fabricant de couteaux s'établit par la suite dans la partie subsistante. La partie nord (parcelle 668, IA09010162), ancien retordage, constitue désormais une propriété privée composée d'une maison d'habitation et d'un entrepôt. Elle n'appartient plus à M. Bourdil, qui quant à lui continue d'habiter la maison contiguë (parcelle 477, IA09010053), dont une extension a été édifiée pour constituer le magasin des expéditions des Ets Bourdil (parcelle 476).
Le tissage Bourdil compte 7 métiers et une dizaine douvriers à la fin des années 1920. En 1953 ne reste qu'un employé. Au maximum de l'activité dans les années 1980, on compte 22 employés.