Dossier d’œuvre architecture IA09010005 | Réalisé par
  • patrimoine industriel
usine textile Dumas et Dastis, puis Dastis, puis Dumons, dite usine ou fabrique Saint-Sernin ; actuellement musée et usine de construction mécanique
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Pays des Pyrénées Cathares

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ariège
  • Commune Lavelanet
  • Adresse 65 rue Jean Canal , rue du Quille
  • Cadastre 1839 C 971, 974, 975 ; 1945 C 1690, 1693 ; 1979 C 1687, 1693, 1701, 5068, 5069 ; 2018 C04 6363, 6365, 6371, 6382, 6387, 6388, 6393, 7016
  • Dénominations
    filature, tissage, usine d'apprêt des étoffes, moulin à foulon, usine de teinturerie, musée, usine de construction mécanique
  • Appellations
    usine Dumas et Dastis, puis Dastis, puis Dumons, dite usine ou fabrique Saint-Sernin
  • Parties constituantes étudiées

L'usine constitue l'une des plus anciennes implantations industrielles encore visibles à ce jour à Lavelanet. Localisée à l'emplacement d'un ancien moulin foulon seigneurial en place avant la Révolution, elle est fondée au début du XIXe siècle par Etienne Dumas, originaire de Lavelanet mais formé à Chalabre, pionnier local de l'industrie dès 1801 et fils du boulanger seigneurial qui avait loué puis racheté le foulon dès 1803. Dumas est associé au Lavelanétien Jean-Baptiste Dastis. En 1819, les deux intéressés cessent leur association mais continuent de partager leurs moyens de production. Ils louent, avec Ambroise Authié et le beau-frère de ce dernier, Médar Laprotte, les bâtiments industriels et achètent certaines machines ensemble. Il s'agit du premier véritable ensemble intégré de Lavelanet. Filature et tissage, puis foulerie et parerie (destinée à l'ennoblissement) sont construits avant 1816 et sont complétés par une teinturerie notamment. Sur le cadastre napoléonien, elle apparaît sous le nom de « fabrique Saint-Sernin », prenant son nom du saint patron de l'église de Bensa toute proche, elle-même fondée par les moines de Saint-Sernin de Toulouse. Cette raison sociale existe probablement dès 1816. L'usine est officiellement autorisée par ordonnance royale en date du 27 juillet 1832, récolée en 1846. Ces bâtiments initiaux (partie A), pour partie subsistants, se trouvent à l'emplacement des actuelles parcelles C 6386 et 6387. Le plan de Lavelanet daté de 1847-1849 présente également le site comme « fabrique ». Dans les années 1850-1860, l'usine s'étend dans une nouvelle partie qui fait face au site historique (partie B : retorderie, ourdissage, tissage) ; cette extension répond à la demande de Dastis, formulée en 1866 alors que le chantier de construction a déjà démarré. Le 18 juillet 1866 est présentée une pétition du sieur Dastis pour demander l'établissement d'un 2e site pour filage, préparation et apprêts ; sur le plan de projection, le bâtiment semble correspondre à ce que l'association AMTPC ont présenté construit vers 1855 (partie sud de la partie B). Dans le rapport de l'ingénieur 1866, on apprend que cette « parerie » a vu sa construction déjà entamée avant même la visite de l'ingénieur. On apprend aussi que le canal appartient tout entier aux Dastis, et que ceux-ci possèdent déjà l'usine St-Sernin active à proximité immédiate. Cette dernière a été autorisée par ordonnance royale du 27 juillet 1832 (récolée le 2 juin 1846). L'administration se déclare incompétente à juger du bien-fondé de l'aménagement, étant donné que le canal est propriété privée, alimentant par ailleurs deux autres usines en aval (Fouet et Marchand). En 1881, l'usine Dastis est reprise par Henri Courrent, négociant et propriétaire, maire de Bélesta, bien que le rachat par les Dumons paraisse dater de 1866 selon d'autres sources. En 1885, la partie A est remaniée par la réalisation d'un nouveau magasin de matières premières. Vers 1887, les Dumons, soucieux de remédier à la dispersion préjudiciable de leurs sites de production dans Lavelanet, choisissent de faire de ce site le lieu d'implantation d'une usine intégrée qui dès lors regroupe l'ensemble des étapes de fabrication. En 1892, la première cheminée est probablement édifiée ; à la même période, les parties A (foulon et apprêts) et B (magasins et mélanges) sont encore modifiées. Jusqu'à la fin du siècle, les Dumons continuent d'exploiter quelques sites annexes, dans le centre-bourg et au bord du Touyre (IA09010007), et décident de renommer l'usine à leur patronyme, « Dumons Frères ». Le plan du Touyre de 1895 décrit de façon plus explicite une « fabrique de draps dite de Saint-Sernin des sieurs Dumons frères ». Dans les années 1920, les Dumons édifient de nouveaux bâtiments de filature à proximité du Touyre (partie C). Dumons est l'une des deux grandes usines intégrées de Lavelanet à l'aube de la crise des années 1930, avec l'usine Escolier-Diant (Minovez, p. 105). En 1937, Victor Dumons cède l'usine à ses fils René et Henri. Plus tard, dans les années 1940, quelques maisons ouvrières sont construites aux abords de l'usine, à l'initiative de la direction, qui transforme l'entreprise en société en nom collectif (1943) puis SARL (1947). Après-guerre, Dumons bâtit son succès sur la production du manteau breton « kabig », en laine et fibrane (tissus double face réversibles), tout en fabriquant veste et pantalon homme, et surtout de l'habillement femme, sans s'engager véritablement dans le filon des tissus techniques et en demeurant sur le créneau traditionnel du cardé. Ses marques de fabrique se nomment Pyralp, Pyrolmes. Les bâtiments sont encore étendus, notamment à travers l'édification d'une nouvelle unité de tissage (partie D), puis l'extension des ateliers de filature (partie C). Le dépôt de matières en C 7162 (ex C 1687) date de 1957. La même année, la société est divisée en deux SARL : société Dumons frères pour les affaires industrielles, et société immobilière Saint-Sernin. Georges Dumons reprend les rênes de l'entreprise en 1962 : il est président du directoire, tandis que son oncle René demeure président du conseil de surveillance avec voix prépondérante. L'entreprise travaille un temps à la fabrication de tissus pour automobile (Ford, Simca : Aronde, Bagheera, P60), avant de céder le marché à Michel Thierry, établi à Laroque-d'Olmes (IA09010043). Georges Dumons développe une méthode de sous-traitance originale, en installant des métiers à tisser lui appartenant dans les ateliers des artisans (ailleurs, les métiers sont généralement propriété des sous-traitants). Entre 1965 et 1969, les ateliers de tissage sont modernisés. Dans les années 1970, l'entreprise commence à externaliser une partie des travaux de finition au Maroc. A cette époque, des tensions familiales nuisent à l'équilibre de l'entreprise, qui parallèlement, fait face à une concurrence croissante. Georges Dumons exerce la fonction de PDG, et exploite parallèlement une filature d'angora dans l'ancienne usine Bonnail de Sainte-Colombe-sur-l'Hers (« La Boule de Neige », rapatriée de Paris). Jean-Pierre Dumons, frère de Georges, occupe le poste de directeur commercial. En 1972, la partie D est fortement étendue pour accueillir un nouveau magasin de fils et ourdissage-tissage moderne. Le 10 février 1973, un important incendie ravage un grand nombre de métiers à tisser, qui une fois reconditionnés à Lyon, sont revendus aux artisans sous-traitants. En 1975, l'usine fait l'objet d'un reportage évoquant la condition féminine dans le travail industriel. En 1976, contraint de se retirer, Georges Dumons laisse place à Daniel Esplandieu qui assure la gérance jusqu'à la cessation d'activité, qui intervient en septembre 1981 après trois vagues de licenciements (1979, 1980 et 1981). Rachetée à la société immobilière Saint-Sernin par le Conseil général, à l'initiative du maire de Lavelanet Jean-Michel Caux, la partie A accueille depuis 1986 le Musée du Textile et du Peigne en Corne de Lavelanet. Cet établissement est fondé par une association de passionnés et anciens du secteur née en 1983, autour de Raoul Pigeon. Les parties B (profondément remaniée vers 1988), C (idem) et D accueillent d'autres activités économiques. La partie D a connu une activité textile ultérieure (tissage Lima dans les années 1980-1990). Le musée, détenteur du label Musée de France, est directement géré par la Communauté de communes du pays d'Olmes depuis les années 2000. Il fait l'objet d'un projet de renouvellement de la muséographie-scénographie, porté par la CCPO, l'association des Amis du Musée (AMTPC) et le Pays d'art et d'histoire des Pyrénées Cathares. La place entourant les bâtiments a été baptisée du nom de Jean Canal, ancien tisserand, le 25 septembre 2009 (délibération du conseil municipal du 13 juillet 2009).

A la fin des années 1950, l'entreprise Dumons emploie 316 personnes. Ils sont 350 en 1980. Après-guerre, la direction organise la création d'un syndicat interne d'entreprise. On relate un important mouvement social en 1952-1953.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle
    • Principale : 2e quart 19e siècle
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1812, porte la date
    • 1887, porte la date
    • 1981, porte la date

Les locaux de l'ancienne usine Dumons se répartissent en quatre entités de bâti globalement distinctes, séparées par des voies de passage circulantes. A l'ouest, la partie A correspond à la partie la plus ancienne, à partir de laquelle le site industriel s'est constitué au 19ème siècle. Au nord se trouve la partie B. A l'est (partie C) et au sud (partie D), les bâtiments ont été très largement remaniés avec l'installation de nouvelles activités artisanales et industrielles depuis la fin de la période textile (années 1980 à 2000). Les différentes travées de l'ensemble industriel suivent la même orientation, avec un axe longitudinal globalement orienté nord-ouest/sud-est.£La partie A, plus ancienne, comprend pour l'essentiel des ateliers en sheds, dont la face vitrée est orientée au nord-est, les toitures reposant sur des murs en pierre, béton ou brique, supportant des charpentes métalliques ou en bois. Au niveau du croisement des voies de passage, dans l'angle oriental de cette partie A, s'élève un bâtiment d'allure domestique, à usage de bureaux, maison de plan carré régulier, à deux niveaux carrés et un étage de comble, bordé à l'est d'un atelier de plain-pied couvert dune toiture à deux pans. Vers le nord-ouest, les sheds de la partie A sont prolongés par un large espace aujourd'hui occupé par le musée. Les murs sont en béton, et le bâtiment couvert dune toiture évasée à deux pans de tôle reposant sur une charpente métallique, dont l'élévation nord-est donnant sur la rue présente de larges baies vitrées et dont la porte d'entrée est surmontée dune marquise en métal et en verre. Au-delà, l'élévation se poursuit par une grande bâtisse, en pierre, dont l'axe principal est parallèle à la rue. L'appareillage de pierre rustique est apparent en façade donnant sur rue, tandis que les élévations des pignons sont enduites. Cette bâtisse s'élève sur trois niveaux carrés, et le premier étage est percé, en façade et sur toute la longueur, d'une large baie vitrée dont les linteaux et les poutres intermédiaires, apparentes, sont métalliques. Le second étage est percé de fenêtres. Elle intègre dans son prolongement une ancienne demeure patronale de la famille Dumons (IA09010056). Devant la façade principale de la partie A, dans la rue, en léger décrochement, s'élève une ancienne cheminée d'usine, en brique, disposant d'un grand socle carré de brique, de cerclages métalliques et d'un couronnement orné.

La partie B comprend différents ateliers, tantôt en sheds, tantôt couverts d'une toiture classique à deux pans en tôle, encadrant une autre maison à usage originel de bureaux (IA09010130). L'atelier principal, faisant face à la partie A, est intégralement habillé de bardages métalliques sur les façades.

La partie C comprend plusieurs grands ateliers remaniés et réemployés par une entreprise de mécanique industrielle. Les façades sont bardées de tôles métalliques. Les ateliers les plus anciens, en élévation sud de cette partie, comprennent trois travées successives de sheds, dont les murs extérieurs, en brique creuse, sont habillés de tôle. Le hall d'accès, donnant sur la rue, comprend une avancée en forme d'auvent, dont les murs sont en brique pleine non enduite, et la toiture, galbée, en plexiglas.

La partie D comprend plusieurs ateliers. Le plus ancien, faisant face à la partie C, a des élévations enduites recouvertes d'un bardage métallique, une toiture à deux pans et comporte une fenêtre au sommet du pignon, donnant sur rue. Il est prolongé vers le sud par une travée de shed, puis un grand atelier de forme parallélépipédique, entièrement bardé de tôle métallique.

Les parties A et B sont traversées par l'ancien canal d'alimentations de l'usine Dumons.

  • Murs
    • pierre
    • brique creuse
    • béton
  • Toits
    verre en couverture, tuile mécanique, ciment en couverture
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • shed
    • toit à deux pans
  • Énergies
    • énergie hydraulique
    • énergie électrique
    • produite sur place
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, bon état

Champs annexes au dossier - Architecture

  • NOTB_G Jean-Michel Minovez, Pays d'Olmes, l'aventure de la laine., Toulouse, Privat, 2013, 203 p., ISBN 978-2-7089-5906-4.
  • NOTB_S Recherches menées par l'Association des Amis du Musée du Textile et du Peigne en Corne (AMTPC) - Sylvette Saboy.£Données orales : Roger Bigou, Michel Carayol, Georges Dumons, Daniel Esplandieu, Robert Librero, Jacky Roy, Rose Stéphani.£Archives départementales de l'Ariège : 3P2010 à 2022 (matrices cadastrales avant rénovation), 54W359 à 375 (matrices après rénovation), 281W182 à 184 (plans minutes), 7s483. Jean-Michel Minovez, "Les interrelations des PME dans la structuration et la déstructuration des territoires de l'industrie. L'exemple de l'Ariège, vers 1800-2016", Marchés et organisations n°2017/3 n°30, pp. 47-71.£Reportages télévisés INA : 21 mai 1975, 3 février 1994, 17 juin 2000.
  • APPA
  • APRO
  • ARCHEO
  • AVIS
  • CCOM
  • CHARP
  • CHARPP
  • COORLB93
  • COORMLB93
  • COORMWGS84
  • COORWGS84
  • ENCA
  • EPID
  • ESSENT
  • ETACT
  • FEN
  • FEN2
  • FENP
  • INTER
  • MHPP
  • NOPC
  • OBSV
  • PAVIS
  • PETA_MA
  • PLU
  • PSAV_FA
  • SAV_FA
  • SELECT oeuvre sélectionnée
  • TAILL
  • TAILLP
  • TOITU
  • USER IVC09160_LDESTREM
  • VALID accessible au grand public
  • VISI
  • VISIB
  • VOIR_AUSSI
  • WCOM
  • IMP 20230112_R_01

Présentation succincte

  • NOTSUC
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public
    propriété privée
  • Plan minute de la commune de Lavelanet (section C)Plan imprimé

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 281W183
  • Prises d'eau pour établissements industriels. Ruisseau du Touyre : Lavelanet, Jean-Baptiste Mas, une fabrique de draps (plans).Plan dessiné

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 7S485
  • Plan cadastral parcellaire dit napoléonienPlan dessiné

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 3P683
  • Plan imprimé

    Association des Amis du musée du textile et du peigne en corne, Lavelanet : non coté
  • Plan de la ville de Lavelanet, 1847Plan dessiné

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 1Fi215
  • Prises d'eau pour établissements industriels. Ruisseau du Touyre : Lavelanet, Jean-Baptiste Marchand, une fabrique de draps (plan).Plan dessiné

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 7S482
  • Prises d'eau pour établissements industriels. Ruisseau du Touyre : Lavelanet, Justin Dastis, une fabrique de draps (plan).Plan dessiné

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 7S483
  • Prises d'eau pour établissements industriels. Ruisseau du Touyre : Lavelanet, Jean-Baptiste Vincent Bonnet, une fabrique de draps (plan).Plan dessiné

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 7S487
  • revue Lavelanet et le pays d'Olmes, 1970

    Mairie de Lavelanet : non coté
  • Plan topographique de LavelanetPlan imprimé

    Archives départementales de l'Ariège, Foix : 5Fi69-73

Bibliographie

  • revue Lavelanet et le pays d'Olmes, 1972

    Mairie de Lavelanet : non coté
  • revue Lavelanet et le pays d'Olmes, 1973

    Mairie de Lavelanet : non coté

Périodiques

  • Revues Lavelanet et le Pays d'Olmes, années 1966 à 1979

    Mairie de Lavelanet : non coté
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Pays des Pyrénées cathares