Déjà connus et utilisés de façon artisanale et sporadique par les riverains, mais aussi par les droguistes de Toulouse à partir du début du XIXe siècle, les affleurements de talc de Montferrier suscitent la convoitise des industriels. La municipalité de Montferrier autorise lexploitation dune carrière à cette époque, relancée en 1859 par la mise aux enchères dun bail de 5 ans. Le bail est alors attribué à Bertrand Pujol, meunier au village, pour une concession située près du col de la Porteille (partie haute du site, IA09010201), comprenant « le canton de la Porteille et toute la partie supérieure jusquaux gouffres ». En 1864, un nouveau bail de 5 ans échoit à M. Verdier, négociant de Lavelanet, qui obtient ladjudication pour recherches et exploitation. Des expéditions à cette époque (bulletin de la SHNT, 1908) rapportent bien la présence de talc en affleurement au niveau de la Canalette, en couches de 1 à 1,5 mètre, entre la Canalette, le vallon de la Reboule et Moulzoune. Le talc y est décrit comme verdâtre, donc difficilement exploitable. Des travaux de prospection en tranchées sont menés sur le secteur de Moulzoune et dans le vallon aboutissant à Montségur. En 1869, le bail de M. Verdier est prolongé de 18 ans ; de nouvelles conditions sont introduites : la municipalité sengage à fournir du bois pour des hangars et à aider le fermier à améliorer le chemin daccès. Ces travaux sont réalisés dès 1869. Une tension existe plus tard, quand M. Garrigou, associé de Verdier, dénonce les termes du contrat. Plus tard, la carrière est affermée au sieur St-Martin. Le bail est finalement résilié en 1880. En 1895, Sébastien Molins, ingénieur des Talcs de Luzenac, reprend la prospection à Montferrier. En 1896, il entreprend une exploitation plus rationnelle : il signe un contrat avec la commune de Montferrier et fait construire une usine de traitement du minerai au village (IA09010202). Le site comprend alors deux tranchées de part et dautre du col de la Porteille réunies par une galerie. Lexploitation se fait essentiellement à lair libre mais plusieurs galeries de reconnaissance sont creusées suivant un axe transversal à laxe de la vallée. Une première fois trié sur place, le minerai est ensuite acheminé par un câble transporteur de 1 000 mètres de long qui relie le Fangas à Moulzoune, où des charrettes prennent le relai jusquà Montferrier. Le 16 mai 1897, le conseil municipal autorise M. Molins à construire des baraquements en prélevant du bois dans la forêt à Moulzoune et Riplemoche. Il est stipulé que les baraques, une fois abandonnées, reviendront à la commune qui y installera des bêtes. Le projet comprend 3 baraquements destinés aux ouvriers (refuge, abris pour matériel, bureau pour M. Molins). Ces baraquement sont effectivement construits, près du col (site haut, IA09010201). En 1899, S. Molins demande lautorisation de construire 3 nouveaux baraquements pour remplacer ceux de 1897, mis à mal par des glissements causés par le creusement de la galerie principale. Le projet concerne une pâture située vers la Canalette. Ces nouvelles baraques sont prévues en bois, avec un toit couvert de gazon. LInspection des eaux et forêts valide la demande. Les photos aériennes actuelles permettent apparemment de préciser la localisation de ces deux implantations successives. La première (1897), toute proche du col, et donc de lextraction, est à létat de ruines vaguement décelables. La seconde (1899), plus éloignée, est dans le secteur aujourdhui connu sous le nom de « pâture de Coumayret » ; des murs sont encore debout. Le plan de 1899 (AD09, 7P220) montre bien que le câble reliant la Porteille au Fangas est déjà en place. Les relations entre la municipalité et Molins se tendent cependant, du fait des très importants prélèvement en bois queffectue Molins dans la forêt et de la perturbation de la circulation des bêtes quil occasionne. Le 5 août 1904, la Société minière de Montferrier, société anonyme au capital social dun million de francs, est constituée pour 30 années. Son siège social est situé rue de Provence à Paris 9e (puis plus tard rue de Mogador, puis au 16 rue de Picpus). Elle a pour objet « l'exploitation de gisements de talc à Montferrier (département de l'Ariège) ; la fabrication et la vente du talc, la recherche et lexploitation de tous autres gisements de talc, de toutes carrières et mines, de toutes chutes d'eau. En général tout ce qui a trait aux opérations sur les mines, minières, carrières, chutes deau. » (Annuaire Desfossés, 1907). Le 7 septembre, Sébastien Molins vend la concession à la Société minière de Montferrier (27 actionnaires : parmi eux, de nombreux parisiens, banquiers ou rentiers, un industriel du Nord, des propriétaires et des agents de change). Dans la foulée, le câble aérien est prolongé permettant le transport direct du talc de la mine à lusine de Montferrier, tandis que trois autres câbles relient le site de la Porteille à celui du Fangas. Des wagonnets circulant sur voie de roulage effectuent lintermédiaire entre la mine et le départ du câble principal, long de 4 kilomètres. En 1907, on procède à lédification des bâtiments du Fangas (cuisine, réfectoire, dortoirs, bâtiments de la direction pour les cadres), puis à la modernisation du matériel (installation dun excavateur à vapeur). Des années 1910 aux années 1930, 100 à 150 ouvriers qui travaillent à la mine chaque été ; une partie dentre eux sont embauchés à lannée pour traiter le talc. Environ 3 à 5 000 tonnes sont produites chaque année. En 1909 est installée une drague sur le versant sud pour stopper les affaissements. On ouvre aussi un puits de 15m sur le gisement, dans le secteur de la Porteille, tandis que dautres recherches se poursuivent au lieu-dit la Canalette (versant sud, commune de Montségur, sans suites). En 1911, est mis en place un plan incliné de 300m servi par un treuil à vapeur, mais linsuffisance du gisement cause son abandon. De nouvelles galeries sont creusées à la Porteille. En 1913, Auguste Laurent, directeur de la concession, demande lautorisation de déplacer la cantine des ouvriers de la Porteille, établie près du col (angle Est), plus vers le sud (sous les baraquements de la Porteille, secteur des Sept Fonds). En 1916, un accord est passé avec la SA des Talcs de Luzenac, autorisée à prospecter sur les terrains de Montferrier moyennant une redevance. De nouvelles recherches infructueuses près du col de Coumayret conduisent à labandon progressif du versant sud et du secteur des corniches, au profit du secteur bas (Fangas). Le gisement du Fangas, dont la richesse est révélée dans les années 1920, concentre dès lors les efforts des mineurs. On réalise de nouveaux travaux permettant lédification de bâtiments nécessaires à lexploitation et à laccueil de matériel plus moderne (moteur diesel, compresseur, marteaux pneumatiques, réservoir à air comprimé ), qui sajoutent donc vraisemblablement aux bâtiments déjà construits vers 1907. Le 20 décembre 1932, la Société minière de Montferrier décide le transfert de son siège social de Paris à Montferrier, pour réduire ses frais dans la période difficile de crise. A la fin des années 1930, les membres du nouveau Ski-club du pays dOlmes, créé par René Dumons à Lavelanet, découvrent le site de Moulzoune, et après accord du directeur de la mine, M. Aurian, décident dutiliser une baraque des mineurs (C3764) comme abri. En 1939, la guerre interrompt les recherches de talc et lusine de Montferrier fonctionne alors a minima avec la production réalisée durant la période estivale. Après 1945, les jeunes skieurs installent un remonte-pente rudimentaire entre le Fangas et Moulzoune (IA09010203), puis construisent un nouveau refuge au début des années 1950 (IA09010204). Le site de la mine est alors très fréquenté, et on y organise dimportantes courses. A la même époque, une nouvelle galerie de reconnaissance de 100 mètres est percée. En 1955, le matériel dexploitation est composé dun compresseur diesel, de 3 marteaux, 1 pelle à vapeur de 150 litres, 1 broyage de 120 CV. Fragilisé par lactivité extractive, le site a subi un premier éboulement important le 4 septembre 1961, qui a enfoui laffleurement exploité et incité la société minière à poursuivre lactivité en surface. Le mois suivant, le câble permettant lacheminement du talc en aval se rompt, entraînant la chute des bennes au sol, et les employés de la mine sont alors épaulés par les mineurs de Luzenac. Dans les années 1960, la production est estimée à 2 000 à 3 000 tonnes par an, après avoir atteint les 5 000 tonnes annuelles dans sa période la plus faste (bien que le site nait a priori jamais généré de bénéfices majeurs), avec pour seul équipement un semi-remorque, une pelle et un camion-benne ajouté en 1964. La production totale du site sur sa période dactivité sélève à 100 000 tonnes de talc brut. La productivité ne se redresse pas, et faute dun enlèvement efficace du glissement, de travaux déquipements et dun outillage suffisamment moderne pour relancer lactivité, lusine cesse de fonctionner en 1964. Le personnel est intégralement affecté au réaménagement du site, épaulé par des engins de Luzenac. On réalise la construction de la route daccès carrossable entre Montferrier et la carrière. Le Service des mines émet un avis défavorable concernant la poursuite de lexploitation, en raison des faibles perspectives, du défaut dalimentation électrique et des mauvaises conditions dhébergement des mineurs. On creuse une ultime galerie à la cote 1470m (longueur : 123.5 m). Le site est ensuite brièvement exploité manuellement par quelques ouvriers (20 tonnes extraites en 1967) avant dêtre définitivement abandonné. Endettée, la Société minière cède en 1969 ses droits à la société qui exploite les talcs de Luzenac. Un nouvel éboulement, en mai 2002, a occasionné la destruction dune partie des anciens bâtiments de la mine, avec la chute de plusieurs blocs de plusieurs centaines de tonnes chacun. Le site est toujours instable, ce qui a justifié le déplacement du sentier de randonnée. En 2009, on enlève les derniers poteaux subsistants de lancien câble de la mine (un dernier mât est encore visible dans la forêt).£En 1962, le site emploie 40 employés, dont 7 permanents à la carrière et 15 à lusine. En 1968, on compte 2 mineurs.
- patrimoine industriel
- (c) Inventaire général Région Occitanie
- (c) Pays des Pyrénées cathares
Dossier non géolocalisé
-
Aire d'étude et canton
Ariège
-
Commune
Montferrier
-
Cadastre
2020 C2328, 2335, 2375, 2376, 3763 à 3765
-
Dénominationscarrière souterraine, mine à ciel ouvert
-
Précision dénominationcarrière et mine d'extraction de talc
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Appellationsmine du Fangas et de la Porteille, dite de Montferrier
-
Période(s)
- Principale : 3e quart 19e siècle
- Principale : 4e quart 19e siècle
- Principale : 1ère moitié 20e siècle
- Secondaire : 3e quart 20e siècle
-
Dates
- 1859, date portée
- 1897
- 1899
- 1905
- 1907
- 1930
- 1969
Le site minier comprend deux parties distinctes : le site bas du Fangas (IA09010001), et le site haut de la Porteille, traîté à part (IA09010201). Lancienne mine du Fangas est située sur le versant nord du massif de Tabe, dans un vallon orienté sud-nord limité en amont par le col de la Porteille. Le site minier sétage entre 1400 et 1650m daltitude, et doit son existence au même accident géologique qui a vu naître la mine de Trimouns, à Luzenac, toujours en activité quelques kilomètres plus au sud.£Le site minier sétend précisément entre le site de la Porteille et celui du Fangas : historiquement, lactivité a débuté au niveau du col de la Porteille, y compris sur son versant sud, et sest développée vers le nord en aval.£Le site du Fangas comprend un ensemble de vestiges de bâtiments miniers, construits pour l'essentiel dans le premier tiers du 20e siècle, ayant probablement subi divers remaniements dans les décennies suivantes, et largement affectés par les aléas du temps, les éboulements (en particulier celui de 2002) et des travaux de sécurisation qui les ont suivis.£Les vestiges encore visibles à la date de l'inventaire comprennent un abri pour mineurs en pierre, de plan allongé rectangulaire, une plateforme en béton de forme rectangulaire, sur laquelle subsistent des vestiges de wagonnets rouillés, et un ensemble de murs en pierre et en ciment dans un état de dégradation avancé, en contrebas. On décèle parmi ces vestiges les restes de l'ancien embarcadère servant de point de départ au câble transporteur permettant l'acheminement du minerai de talc vers l'usine de traitement à Montferrier.£Une partie du site est clôturée, suite à la sécurisation consécutive à l'éboulement de 2002.
-
Murs
- pierre
- ciment
-
Toitstuile
-
Énergies
- énergie thermique
- produite sur place
- moteur thermique
-
État de conservationvestiges
Champs annexes au dossier - Architecture
- NOTB_G Société anonyme des Talcs de Luzenac, L'épopée du talc de Luzenac, Talc de Luzenac, 2005, 173 p.
- NOTB_S BRGM (O. Renault), DRIRE Midi-Pyrénées, « Avis préalable sur l’effondrement rocheux de l’ancienne carrière de talc de Fangas, commune de Montferrier (09) », juillet 2002.£François REGNAULT, « Synthèse des archives de la mine du Fangas », 2011.£Archives départementales de l'Ariège : 2O1054 (administration communale de Montferrier), 6U862 (statuts de la société minière de Montferrier, 1904-1933), 7P220 (dossier de gestion de la forêt communale de Montferrier).£Commune de Montferrier : délibérations et arrêtés du conseil municipal (archives communales).£Bulletin de la SHNT, 1908 (Gallica).
- APPA
- APRO
- ARCHEO
- AVIS
- CCOM
- CHARP
- CHARPP
- COORLB93
- COORMLB93
- COORMWGS84
- COORWGS84
- ENCA
- EPID
- ESSENT
- ETACT
- FEN
- FEN2
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- INTER
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- SAV_FA
- SELECT oeuvre sélectionnée
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- TAILLP
- TOITU
- USER IVR76_GERTRUDE
- VALID accessible au grand public ; non validée
- VISI ouvert en partie
- VISIB
- VOIR_AUSSI
- WCOM Montferrier
- IMP 20230119_R_01
-
Statut de la propriétépropriété privée
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