• patrimoine industriel
filature Delglat puis usine textile Viviès puis Fonquernie, aujourd'hui désaffectée
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ariège - Mirepoix
  • Commune Laroque-d'Olmes
  • Adresse rue du 18 mars 1962 , rue Jean Jaurès
  • Cadastre 1846 B4 ?  ; 2018 B05 1183, 1818, 1959, 2724, 2750, 2754, 2758 à 2760, 2762 à 2764, 2783, 2829, 2863 à 2866, 3280, 3281, 3286 à 3290
  • Dénominations
    filature, usine textile
  • Appellations
    Delglat puis Viviès puis Fonquernie

En 1842, Alexandre Delglat, de Laroque d'Olmes, demande l'autorisation de construire sur sa propriété, une mécanique de filature de laine (AD09, 7S465). Si son dossier n'est instruit qu'en 1846, il semble que sa filature soit déjà construite en 1842 car elle figure sur le cadastre napoléonien, daté de cette année-ci. Elle porte alors le nom de Mécanique de Pelloporc. Cette usine suscite alors la méfiance des industriels laroquais Ponsein et Maurel, dont les usines, accolées, sont situées immédiatement en amont, de l’autre côté de la route (actuellement parcelle B2948), mais elle est soutenue par la municipalité, dirigée par l’industriel Sage. En 1878, la veuve Delglat ajoute un foulon à sa filature ; c’est cette date qui est communément admise comme correspondant à la date de fondation de l’usine. En 1887, Albert Viviès, qui vient d’acquérir la filature Maurel située sur le canal de Laroque (IA09010080), reprend également la filature Delglat. La crise de la fin du XIXe conduit à l'émergence d'un nouveau patronat. Léon Fonquernie et Antoine Ricalens prennent la relève. De nouvelles pratiquent ouvrières se mettent en place avec la naissance des syndicats et des grèves comme moyen de pression (Boulbès et Aussaguès 2006, p. 352). En 1908 Léon Fonquernie, déjà propriétaire de l'ancienne usine Ponsein-Maurel à Laroque achète cette usine et l'agrandit. A proximité de son atelier de tissage, il construit en 1910 une autre fabrique de métiers et ajoute en 1912 une carderie. C'est à cette période qu'apparaissent les usines intégrées (comprenant toutes les étapes de fabrication du tissu cardé) ; ce qui est le cas des draperies Fonquernie. Pendant la Première Guerre mondiale, l'usine fabrique des molletières et des gants pour les soldats. Ces gants avaient la particularité de ne recouvrir que les 3 derniers doigts, laissant ainsi les deux premiers libres, pour le tir (Roger Latour, 2006, p. 89). Le 9 novembre 1925, Léon Fonquernie, industriel (né le 12 avril 1859) et ses fils Constant (né le 5 octobre 1891), Léopold (né le 22 octobre 1897) et Louis (né le 31 mai 1907), mineur émancipé, comparaissent pour former une SARL ayant pour objet la fabrication et la vente de draps, nommée SARL Léon Fonquernie & ses fils. La société débute rétroactivement son existence à compter du 1er novembre, et dispose d’un capital social de 1,5 million de francs, comprenant l’établissement industriel et commercial déjà détenu par Léon Fonquernie (valeur 400 000 francs) et terrains et immeubles (900 000 francs), et un apport de 200 000 francs par chacun des fils. Le capital social est alors divisé en 300 parts de 5 000 francs, Léon Fonquernie en détenant 180. Léon et Léopold Fonquernie sont associés gérants. En 1929, Constant Fonquernie cède toutes ses parts, et « devient complètement étranger à l’entreprise tant pour le passé que pour l’avenir » (AD09, 9u732). Léon Fonquernie cède la gérance à ses deux fils Léopold et Louis, et meurt le 11 janvier 1933. Début 1935, les fils Fonquernie procèdent au partage des parts sociales de leur défunt père : celles-ci sont attribuées à leurs deux sœurs Elise et à leur frère Constant Fonquernie, lesquels les reversent immédiatement à Léopold et Louis, qui dès lors se partagent à eux seuls les 300 parts sociales. La raison sociale de l’entreprise est modifiée et devient « Anciens Ets Léon Fonquernie et ses fils ». La famille Fonquernie dispose à cette époque de nombreux immeubles, comprenant outre des maisons à Laroque, le domaine de Bordeneuve, à Lagarde, acquis par Léopold auprès du duc de Lévis-Mirepoix en 1920, ou encore le domaine du Moulin d’Enfour, entre Tabre et Laroque, acquis par Louis auprès d’Alexandre Maris, propriétaire lavelanétien, en 1928. Les Fonquernie sont aussi propriétaires d’une usine textile située à Confolens, en Charente. La cheminée d'usine date probablement des années 1930 (on a la trace d'un devis du constructeur tarnais Chabrouty, adressé en 1932 aux Ets Fonquernie, pour une cheminée de 32 mètres de haut). A la Libération, un ouvrier a planté le drapeau français à son sommet. La cheminée a ultérieurement été étêtée en deux fois, si bien que son couronnement a aujourd'hui disparu. En septembre 1951, Léopold Fonquernie demande l'autorisation d'installer un dépôt d'hydrocarbures destiné au stockage de 180 mètres cubes de mazout, dans son usine de Pelleporc, à Laroque d'Olmes. Il est alors gérant de la Société à Responsabilité limitée « Anciens Etablissements Léon Fonquernie et ses fils » (AD09, 482W83). L'autorisation a été acceptée en décembre 1951. En 1958, la société prend le statut de société anonyme. En 1961, le PDG de l'usine est toujours Léopold Fonquernie. En avril 1961, il demande d'autorisation d'agrandir l'usine. A cette occasion, la sous-préfecture signale que l’usine n’a pas été déclarée au titre des établissements classés selon la loi de 1917 sur les établissements dangereux. Ce nouveau bâtiment, situé sur la parcelle 1184 de la section B (actuellement extrémité sud de la parcelle B3286) sera utilisé pour le dépôt en transit des textiles au départ et des laines à l'arrivée. Il servira aussi de local d'emballage et de manutention. Dans le dossier il est dit que l'usine fonctionne depuis plus de 100 ans. Totalement intégrée, elle assure sur ce même site l’ensemble des activités, de la réception de la laine en suint, au tissu fini, en passant donc par la filature, le tissage et la teinture en bourre ou pièce. Les premières grandes difficultés apparaissent vers 1977 : la société, en mal de modernisation, ne peut honorer certains de ses engagements et certains clients se retirent, faute d’avoir été correctement livrés. A la fin de sa période active, l’entreprise Fonquernie réalise des tissus haut de gamme de type tweed, shetland, fantaisie, qu’elle écoule en France mais aussi de façon importante en Allemagne (70% de la production est exportée). Ses points faibles sont cependant la faible extension de la gamme produite, une diversification limitée au-delà de l’habillement féminin pur cardé, un réseau de partenaires commerciaux limité (6 clients font 80 % du chiffre) et l’absence de réelle stratégie marketing et de contrôle efficace des stocks. Le matériel apparaît comme vétuste et le management obsolète, du fait de l’absence d’une réelle direction générale et de conflits importants entre les équipes de fabrication et de commercialisation. Dans les années 1970, le chiffre d’affaires est très fluctuant (15 millions hors taxe en 1974, 9 millions en 1976, 19 millions en 1978). A la fin des années 1970, l’usine est gérée par M.Lepoutre, mais la famille Fonquernie demeure propriétaire. En 1978, ouvrent les premières sections syndicales (CGT et FO). Mi 1979, le capital de l’entreprise est de 5,688 millions de francs, divisés en 3 600 actions intégralement détenues par Léopold Fonquernie et son épouse Alice Nougaret et leurs 5 filles (Janine Mercadier, Marie-Madeleine Frouin, Anne-Marie d’Enfert, Emma Bachy, Simone Olivier). Léopold Fonquernie est président-directeur général ; les administrateurs étant Léopold et Alice Fonquernie et Thierry de Boissieu. Le 12 septembre 1979, la direction saisit le Comité départemental d’examen des difficultés des entreprises (CODEFI) d’un plan de redressement. Celui-ci prévoit la mise en œuvre d’une stratégie commerciale de diversification et l’abandon de la teinture. L’établissement d’une nouvelle politique sociale et financière se décline en plusieurs objectifs, comprenant un plan social occasionnant le passage des effectifs de 178 à 138 salariés, la création d’une vraie direction et la réduction progressive du déficit. Le plan social doit passer par des mutations, des départs en retraite, des formations et des licenciements. Le CODEFI retient le principe d’octroi d’un prêt du Fonds de développement économique et social (FDES) de 500 000 francs, avec une hypothèque sur l’immobilier pour garantie. Plusieurs conditions sont spécifiés, comme l’abandon par Léopold Fonquernie de son compte courant dans la société pour permettre l’annulation de la perte d’exploitation, la libération par la famille Fonquernie de toutes leurs actions aux nouveaux associés, en deux temps et sous trois ans, permettant une augmentation du capital, ou encore l’octroi de prêts (Société générale, Société de développement régional Tofinso). Fin 1979, la nouvelle équipe de repreneurs comprend Alexandre Thabor, directeur général à compter du 1er octobre, Robert Barthes (commercialisation et fabrication) et Michel Lepoutre, directeur d’exploitation, apparenté à la grande société textile roubaisienne Lepoutre SA. Le principe d’octroi d’une prime de développement régional de 1,462 million de francs est acté. La Société générale consent à l’octroi d’un prêt, et la SDR Tofinso suspend sa décision. En novembre, A. Thabor propose de relancer les Ets Dumons (IA09010005) en en prenant la direction de façon provisoire, sous le contrôle du mandataire judiciaire, et en faisant de cette société un client de Fonquernie. Une succession d’incidents remet cependant au cause le sauvetage de l’usine : la banque diffère l’octroi du prêt en exigeant une clarification de l’origine des fonds entre anciens et nouveaux associés, plusieurs fournisseurs pessimistes exigent un paiement comptant de leurs livraisons, et un important client rompt abusivement son contrat début décembre. Les Fonquernie versent le montant promis mais la banque se retire du projet face au retard de paiement des nouveaux associés. Les différentes parties se renvoient les responsabilités, et la démission d’A. Thabor est décidée en conseil d’administration le 8 janvier 1980, précipitant le dépôt de bilan. Le règlement judiciaire est prononcé le 10 janvier, et l’entreprise cesse dès lors d’exister. Un projet de reprise partielle par des salariés sous la forme d’une société coopérative ouvrière de production est avancé mais n’aboutit pas. L'usine est rachetée par l'entreprise Michel Thierry vers 1992, pour dépôt de fil, ourdissage puis époutillage. Un incendie ravage ultérieurement une partie notable du site, qui correspond à la partie aujourd'hui dépourvue de toit. Les bâtiments vacants ont brièvement accueilli une compagnie théâtrale (Pipototal, spectacle de rue), et sont partiellement occupés par des activités techniques municipales.£L'usine compte 368 salariés à la fin des années 1950, 369 en 1972. Au 30 octobre 1979, l’usine emploie 178 personnes.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1842, datation par source
    • 1878
    • 1908
    • 1980

L'ancienne usine Fonquernie se situe dans la partie nord-est de Laroque d'Olmes, sur la route de Léran, rive droite du Touyre. Les bâtiments sont de plain-pied. On y trouve actuellement deux grands magasins de stockage, une grande salle d'usine qui servait pour l'ourdissage et une partie bureaux/cuisine/sanitaires. L’accès au site par le sud se fait par un passage couvert d’une dalle de béton armé.£Les travées d’ateliers, alignées sur un axe nord-sud, reposent sur des fondations en béton et béton armé, et les sols sont formés d’un dallage de béton.£Les murs extérieurs sont en maçonnerie de moellons. Côté rivière, le mur de soutènement est en maçonnerie de moellons côté extérieur, et en béton à l’intérieur. Les cloisons intérieures sont en briques creuses ou parpaings agglomérés creux, enduits de mortier, ou parfois en sapin.£La construction de l’atelier n°9, à l’est du site, est différente : murs extérieurs et murs porteurs intérieurs en maçonnerie de moellons et briques creuses enduits au ciment ou au plâtre, remplissant une ossature de béton armé, avec chaînes et linteaux en béton armé, cloisons en briques et parpaings, dallage en béton armé avec chape ciment, charpente métallique.£Les toitures reposent sur des charpentes métalliques et poteaux en béton armé ; ce sont des sheds couverts de tuile mécanique, exception faite des trois travées les plus septentrionales, couvertes de toitures à deux pans, avec fermes métalliques à brisis et lanterneaux, et de la toiture de l’atelier n°9 (voir plan schématique), plus récent, à deux pans, reposant sur une charpente métallique, et couverte d’acier galvanisé et fibrociment.£L’élévation ouest donnant sur la rivière est bordée de quelques appentis à vocation initiale de sanitaires.£Au nord, le socle et la plus grande partie du fut de l'ancienne cheminée, en briques pleines et briques réfractaires, sont également conservés.£La partie centrale de l'usine a disparu dans un incendie.

  • Murs
    • pierre
    • brique creuse
    • enduit
    • maçonnerie
  • Toits
    tuile plate mécanique
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • shed
    • toit à deux pans
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté

Champs annexes au dossier - Architecture

  • NOTB_G Boulbès et Aussaguès 2006, p. 352.£Roger Latour, Le textile en Pays d'Olmes, Lavelanet, 2006, p89.
  • NOTB_S Archives départementales de l'Ariège : 7 S 465 (dossier filature Delglat, 1842-1904), 9 U 732 (dépôt de statuts), 446w164 (dossier économique de l'entreprise, 1979-1980), 482 W 83 (projet de stockage d'hydrocarbures, 1951), 482 W 123 (projet d'extension,
  • APPA
  • APRO
  • ARCHEO
  • AVIS
  • CCOM
  • CHARP
  • CHARPP
  • COORLB93
  • COORMLB93 0607794 ; 6208862/0607750 ; 6208814/0607726 ; 6208606/0607770 ; 6208579/0607786 ; 6208669/0607834 ; 6208654/0607843 ; 6208741/0607824 ; 6208853/0607794 ; 6208862
  • COORMWGS84 42.9731901872126, 1.87069968533715/42.9727528953225, 1.8701692765056/42.9708794055387, 1.86991183321319/42.970642274905, 1.87045536161048/42.9714536407762, 1.87063552387475/42.9713249283296, 1.8712259359249/42.9721084166645, 1.87132091642533/42.9731131140
  • COORWGS84
  • ENCA
  • EPID
  • ESSENT
  • ETACT
  • FEN
  • FEN2
  • FENP
  • INTER
  • MHPP
  • NOPC
  • OBSV
  • PAVIS
  • PETA_MA
  • PLU
  • PSAV_FA
  • SAV_FA
  • SELECT oeuvre sélectionnée
  • TAILL
  • TAILLP
  • TOITU
  • USER IV09160_LDESTREM
  • VALID accessible au grand public
  • VISI
  • VISIB
  • VOIR_AUSSI
  • WCOM Laroque-d'Olmes
  • IMP 20220315_R_01
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
    propriété privée

fermé au public

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015