Le site de la SOTAP-CAROL est un des sites industriels les plus anciens de Villeneuve d'Olmes. En effet, le canal a été créé pour lui ; les usines suivantes s'étant greffées sur son canal de fuite.
Du Moyen-Age au 19e siècle, ce site, et plus précisément la partie la plus à l'ouest, propriété de la famille Barbe, a abrité une forge.
Dès le XVe siècle, plusieurs forges appartenant à la famille de Lévis sont attestées sur le territoire, et Villeneuve d'Olmes en compte deux. L'une d'elle était probablement située ici (Bayle 1999, p. 127). A la fin du 17e siècle, et jusqu'au début du 20e au moins, on sait qu'il s'agit d'une forge à la catalane à réduction directe.
Les propriétaires ne peuvent indiquer les titres qui ont autorisé leur construction, car ils ont été incendiés pendant la Révolution.
La famille Lévis-Mirepoix doit donc demander la conservation de ces usines en 1812. Madame de Rochechouart qui signe cette pétition demande une permission pour 90 ans. L'ingénieur des mines Jules François cite la forge et le martinet de Villeneuve-d'Olmes dans son ouvrage sur le travail du fer en Ariège, publié en 1843.
En 1811, elle emploie jusqu'à 44 ouvriers (Bonhôte et Cantelaube, 1986, p. 587 ; Fabre et Cantelaube, 2015, p. 121).
En 1813, Mme de Rochechouart demande, en son nom et en tant que tutrice des enfants Lévis-Mirepoix, une permission de 90 ans de maintenir l'existence de la forge et du martinet qu'ils possèdent à Villeneuve d'Olmes. Sur le plan de la forge, on peut voir qu'elle est composée d'une forge proprement dite, d'une charbonnière, d'un réservoir de trompe et d'un grand réservoir (AD09 7S 490). La chute du bassin de la forge est de 5 m (AD09 7S492). La forge de Villeneuve cesse son activité avant 1856 (Fabre et Cantelaube, 2015, p. 125).
Les comtes de Laubespin (descendants de la famille de Lévis) vendent les bâtiments à Eugène Gustave Ricalens en 1887. Celui-ci y tenait des ateliers d'effilochage, magasins, hangars, remises, jardins, prairies, canaux, chaussée, etc. Sur le plan de 1895, il s'agit effectivement d'une usine d'une usine d'effilochage du sieur Gustave Ricalens.
Sa veuve (Marie Albertine Aglaé Bastide) vend ce lot à messieurs Irénée Pierre Barbe, apprêteur de draps et Pierre Bernadou, filateur, en 1911. Celui-ci, achetant les parcelles les plus à l'est, fait construire deux bâtiments, l'un situé côté route pour la filature (noté B1) et l'autre contre le chemin de séparation avec l'usine Barbe, pour le tissage (noté B2). En 1923 Pierre Bernadou s'associe avec ses fils Ferdinand Eugène et Camille Joseph pour une société en nom collectif « Bernadou père et fils », ayant pour objet la fabrication du fil destiné au tissage des draps ainsi que la fabrication de draps et nouveautés. En 1936, Pierre cède ses parts à ses fils (AD09 6u870).
L'un des fils s'occupe de la filature et habite dans la maison situé juste derrière (aujourd'hui rasée) et l'autre s'occupe du tissage, époutillage et apprêts, dans le second bâtiment. Ce dernier habitait à l'étage de ce bâtiment. Le site comprenait également une maison d'habitation et un autre bâtiment où se trouvaient la matière et les bourres. Ces deux derniers, visibles sur la carte postale de 1965, ont été rasés par la SOTAP-Carol. Le bâtiment B2 abrite tissage et ourdissage au rez-de-chaussée, appartements, filetage et emballage à létage. La société Bernadou fonctionne sous le régime dune société en nom collectif fondée par Bernadou père et fils le 5 décembre 1923 (capital de 60 000 francs). La société devient SARL en 1928, et son capital est porté à 90 000 francs. Le 18 juin 1936, comparution de Ferdinand Eugène Bernadou et Camille Joseph Bernadou, tous deux négociants : le père cède 150 de ses 300 parts. On procède à la prorogation de la société, devenant « Bernadou frères ». Les deux frères sont co-gérants.
La cheminée de lusine Barbe est édifiée en 1936 ; on la doit au constructeur castrais Chabrouty. Elle fonctionne au charbon jusque dans les années 1970, puis est reliée à une chaudière à mazout. Le château deau de lusine Barbe, construit vers 1956, permet le pompage de leau dans un puits situé à proximité, et son stockage avant utilisation dans les apprêts.
Au début des années 1980, cest lusine Barbe seule qui occupe les lieux. Elle cesse son activité en 1989, et les bâtiments sont repris et agrandis par la SOTAP-Carol, entreprise de teintures et apprêts ayant compté deux autres unités à Laroque-dOlmes (IA09010076) et Montferrier (IA09010082), qui développe à Villeneuve une activité dimpression, et innove notamment dans le secteur de limpression numérique. La SOTAP étête la cheminée, et cesse de lutiliser. A la fin de son activité, la SOTAP travaille notamment pour Décathlon et larmée, mais la liquidation judiciaire est prononcée en 2013. Les affectations actuelles du site sont variées : une partie est en friche (A1 et C2), une autre (bâtiment B1) a été reprise par la commune pour y installer une salle municipale, une autre est occupée par une entreprise (C1) ou sert de lieu de stockage (A2).
Lusine des frères Bernadou, présentée comme fabricant semi-intégré, compte à la fin des années 1950 49 ouvriers (AD09 705W114). Parallèlement, lapprêteur « Barbe & fils » à la même époque, compte 30 employés.