• patrimoine industriel
atelier de broyage de corne et fabrication d'engrais Fouet
Œuvre recensée
Copyright
  • (c) Inventaire général Région Occitanie
  • (c) Pays des Pyrénées cathares

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ariège - Mirepoix
  • Commune Léran
  • Adresse 20 chemin Montjean
  • Cadastre 2015 C2 717, 1216, 1395 ; 2022 C1216, 1395, 1896
  • Dénominations
    usine liée au travail de la corne, usine d'engrais
  • Précision dénomination
    atelier de broyage de corne et fabrication d'engrais
  • Appellations
    Fouet

Aubin Fouet est né en 1904 au Peyrat. Il est présenté comme fabricant de peignes. En 1949, il porte auprès des autorités un premier projet de broyage non validé, mais il exploite déjà un atelier à cette date. En date de 1950, chaque mois, une tonne d'os est envoyée du dépôt Fouet au concasseur de l'usine Azéma-Bigou à Campredon, tandis que ce qui est en putréfaction est enterrée dans une fosse dans le champ. On sait que les Ets Azéma-Bigou ont l'habitude de transférer leurs arrivages de cornes vertes provenant des abattoirs français, chez Fouet, pour séchage complet.

L'usine Fouet traite des cornes pour la fabrication des peignes, à partir de têtes de bovins, sabots, onglons et cornes des abattoirs de la région. Ces produits sont livrés à l'état vert, c'est-à-dire comportant des matières putrescibles (peaux, tendons, muscles). Une fois reçus, les résidus sont débarrassés de ces matières, on leur retire la corne qui est traitée, puis les os sont renvoyés par voie ferrée. L'enjeu est de limiter les odeurs, afflux de mouches, et faciliter la dessiccation dans un espace bien ventilé.

Par arrêté du 20 janvier 1955 : Aubin Fouet est mis en demeure de cesser sans délai l'entreposage dans son local de Léran. Dans la foulée, en février, il demande l'autorisation pour un autre dépôt similaire (sans doute plus éloigné). L'enquête suscite de nombreuses réactions, mêlant avis favorables ou défavorables. Un arrêté préfectoral du 9 septembre 1955, s'appuyant sur la loi de 1917 sur les établissements dangereux, rejette la demande d'autorisation de M. Fouet sur l'exploitation d'un dépôt d'os verts, cornes et onglons. Il est ainsi demandé à M. Fouet de fermer son établissement. Ce à quoi ce dernier a réagi en saisissant son avocat, prétextant que cette décision est mal motivée.

On sait qu'en 1955, le dépôt existe « depuis plus de 10 ans » et que les relations entre Fouet et la mairie, à l'origine de la plainte, sont mauvaises. Le vétérinaire départemental aurait argumenté en attribuant à l'’établissement Fouet la propagation de fièvre aphteuse provenant de cornes originaires de Fenouillet (Haute-Garonne), alors que M. Fouet ne se serait jamais approvisionné à Fenouillet. La défense attribue plutôt à un éleveur cette responsabilité (M. Laffitte à Montjean, par ailleurs élu au conseil municipal). Fouet avance des précautions hygiéniques importantes, en promouvant son projet de nouveau dépôt à 800 m du village, de surcroît couvert, et en rappelant que de nombreux villageois lui ont apporté leur soutien et que l'administration a entretenu une confusion entre présent et futur dépôt, donnant donc un avis défavorable sur le local déjà installé et en effet situé en plein village, etc. Aubin Fouet renouvelle sa demande en 1957.

En juin, le tribunal administratif de Toulouse a annulé l'article 1 de l'arrêté préfectoral de 1955 qui interdisait l'ouverture du dépôt. A. Fouet est à nouveau accusé de répandre la fièvre aphteuse. L'enquête de gendarmerie a établi que M. Laffitte avait été contaminé car Fouet aurait lavé dans son abreuvoir son camion déjà touché. On comprend que c'est suite à un précédent chez le même M. Laffitte (décembre 1954) que le dépôt avait été fermé le 20 janvier 1955 et la demande de régularisation de 1955 rejetée par l'arrêté préfectoral du 9 septembre qui exige la fermeture du dépôt sous une semaine. Entre temps, l'administration se demande où Fouet a pu continuer d'’entreposer ses cornes et os. En mai 1957, le vétérinaire Dulac (remplaçant le Dr Linon, nommé en octobre 1956) rend son rapport, dans lequel il fait état de l'accord de Fouet à considérer que son dépôt est mal situé, trop proche du village (- de 800 m dans les faits).

Par son témoignage le 18 octobre 1955, Aubin Fouet se présente comme « le seul patenté industriel du village, et l'un des principaux distributeurs régional pour la corne peignes et national pour les cornes tourneries, os et onglons », tout en signalant que « [son] activité va être réduite par [son] manque de dépôt ». Et d'ajouter que son fils « a dû fermer la maison Bez à La Bastide-sur-l'Hers qui occupait 25 ouvriers ». S'inquiète des futures répercussions sur les autres fabriques de peignes, au sens où la matière première est principalement locale à cette époque. Un courrier de la société Bez (IA09000875) en date du 8 février 1955 confirme que la fermeture du dépôt leur crée des difficultés, eux qui préfèrent utiliser la corne du pays : « Nous devons même ajouter que si le peigne en corne, existe encore dans la vallée de l'Hers et celle du Touyre, c'est grâce à ces dépôts de cornes, onglons et os de pays que presque chaque fabricant possède chez lui et que nous-mêmes achetons à M. Fouet par manque de place ». A. Fouet atteste ne pas être à l'origine du cas de fièvre chez Laffitte, puisque la Sté d'Alimentation de Provence lui a certifié que le lot de Fenouillet avait été alloué à un concurrent plus offrant. Il rappelle que ses concurrents travaillent illégalement, avec des quantités de matières importantes en plein village, alors que lui promet de créer un dépôt en bonne et due forme loin du village, et reconnait travailler depuis 10 ans sans autorisation, mais vante sa bonne foi et son souhait de régulariser la situation.

Le dépôt originel de Fouet (1955) est présenté à 80 m de la RD Léran-Chalabre, 200m de la 1e habitation du village, dans un champ de 3ha, simplement protégé par une palissade de planches et non couvert (C716, C1898 auj., actuel site). Il génère nuisances olfactives, attire les chiens et les mouches, occasionne un déversement purulent dans le ruisseau… En mars 1955, Fouet a temporairement déposé son dépôt d'os chez M. Jany à Taurine, commune de Montbel. L'arrêté préfectoral du 14 avril 1958 autorise A. Fouet à construire en C717 un dépôt de cornes, sabots et onglons à l'état vert, rangé dans la 1e catégorie des établissements dangereux, insalubres et incommodes. Le dépôt doit être construit en dur, avec murs et sol cimentés, étanches et correctement inclinés pour l'écoulement des eaux ; entouré d'un mur de clôture d' 1m50 pour empêcher l'accès des animaux (demande des services vétérinaires). Il convient d'assurer l'aération des locaux, avec grillages pour arrêter les mouches, et d'obtenir avant tout un permis de construire.

Début 1957, il est attesté que Fouet a démonté son premier dépôt sommairement construit. Le nouveau dépôt sera en C716, 717, 1216. Il fera 10 mètres sur 20. Début 1958, il est rendu compte de la description du fonctionnement du futur nouveau dépôt : les marchandises provenant des abattoirs seront classées dans différents coins du dépôt avant livraisons aux fabriques d'engrais organiques ; les cornes seront décornillées sur place, classées par qualité, puis vendues aux différents fabricants (peignes, manches de couteaux, engrais…). Il conviendra aussi 'assurer la pulvérisation de toutes les marchandises à l'entrée au dépôt : insecticides, germicides, désodorisants. Par une enquête de 1963 du directeur des services vétérinaires, on sait que Fouet est titulaire de l'autorisation d'exploitation depuis le 14 avril 1958. Les matières premières vertes sont entreposées pour dessiccation, soit en transit. Elles proviennent des abattoirs du sud-ouest (Bordeaux, Toulouse, Castres, Saint-Gaudens) et sont redistribuées après triage à des établissements équipés pour traiter ces sous-produits (fabrication de la poudre de viande à Agen, extraction de l'huile de pied à Lunel). insuffisants Le directeur des services vétérinaires invite M. Fouet à faire des efforts.

Vers 1963, il existe un projet de « Société d'études pour l'achat de la corne de France » qui vise au ramassage et au stockage de marchandises destinées à alimenter les maisons adhérentes, soit Azéma-Bigou, Adolphe Jouret, Richou et Cie, Delpech et Cie et Vidal. L'usine aurait aussi assuré du recyclage de bobines de fil. Elle cesse son activité en 2009.

Bâtiment de plan rectangulaire, construit en parpaings de béton et couvert d'une toiture à longs pans en onduline de béton.

  • Murs
    • béton
  • Toits
    béton en couverture
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de l'Ariège : 300w133, 482w84, 482w101

    AD Ariège
  • Données orales J.-M. Sirena.

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015, 2022
(c) Inventaire général Région Occitanie
(c) Pays des Pyrénées cathares