Le moulin du Perdut est propriété des Lévis dès le XIVe siècle. Moulin banal, farinier, vendu comme bien national à la Révolution, il est racheté par les Lévis au début du XIXe siècle (comme l'’atteste le cartouche sculpté mentionnant la date de 1826 et les armoiries de la famille), puis devient scierie vers 1844 (il apparaît sur le cadastre napoléonien comme « moulin à farine et scierie »). Par la suite, il est transformé en fabrique de peignes en corne (le plan du Touyre de 1895 mentionne à la fois la scierie Barby et la fabrique de peignes Mirc), active entre 1890 et 1938. La grande bâtisse est surmontée d’'un clocheton qui devait servir à monter les sacs de grain puis à aspirer la poussière de corne. D’'après Histoire et patrimoine en pays de Mirepoix (p. 192), « on peut encore distinguer le déversoir en aval et, en amont, une partie du "boutas" (plan d’'eau bâti à l’'entrée du moulin où les enfants se baignaient autrefois). La paychère est une retenue d’eau qui sert à l’'alimentation en eau pour le moulin mais aussi pour les autres petites industries. Elle se trouvait au niveau du lieu-dit "Saint-Roch" sur la rivière du Touyre (actuelle parcelle C1309, ndla). A l'’intérieur du moulin, subsistent quelques arbres et poulies d’entraînement de la période du peigne en corne. ». Le canal n'’est plus en eau mais apparaît encore dans le découpage cadastral, et en partie dans celui des parcelles jardinées en amont du moulin (son tracé est emprunté par un chemin). La fabrique de peignes fonctionne à cette époque sous la direction des Lévis-Mirepoix ; la partie la plus à gauche comprend l’'atelier de ponçage et polissage. Les stadeuses (ouvrières chargées de la création des dents du peigne) travaillaient dans la partie voisine à droite. Le 4 septembre 1928, on apprend que le maire de Léran passe une convention avec le duc de Lévis-Mirepoix, alors propriétaire, autorisant la commune à dériver les eaux du canal de fuite actuel dans l’'ancien canal de fuite désaffecté, moyennant redevance annuelle d’un franc, de façon à assainir le tracé de l'’ancien canal. L'’usine de peignes « del Perdut » est alors présentée comme « très ancienne et non réglementée ». L'’ancien canal de fuite est à cette date désaffecté de longue date du fait du « changement des organes moteurs intérieurs de l’usine ». Il est alors rempli d’'eau stagnante et forme un « dépotoir public », « zone malsaine d'’où se dégagent constamment de mauvaises odeurs, surtout pendant l’été ». Le nouveau canal est quasi parallèle à l’'ancien. Dans le courant du XXe siècle, le tisserand Pibouleau y fait fonctionner deux métiers à tisser.