La façade de cette maison est un jalon précieux pour notre chronologie de la construction à l'époque£romane (M. Scellès, Structure urbaine et architecture civile..., p. 244 et sq). Dans un schéma théorique, elle prend place entre la façade du n° 63 rue du Château-du-roi (cf. dossier), dépourvue de cordons régnants, et celle du n° 124-128 rue Nationale (cf. dossier) où le cordon d'appui est doublé par un cordon d'imposte.£Ici, seul le niveau d'appui des fenêtres était souligné par un cordon régnant. La construction se caractérise également par le moellon équarri des écoinçons des arcades du rez-de-chaussée et les claveaux étroits et non-extradossés de celles-ci. La pierre de taille domine cependant au niveau des vestiges des fenêtres du premier étage. Remarquons encore le chanfrein large des arcades du rez-de-chaussée dont le tracé reste proche du plein-cintre ; à la différence de ce qui se passe au 63 rue du Château-du-roi, leurs clefs tendent à rester sur une même horizontale et ne suivent donc pas la déclivité de la rue. Seuls quelques vestiges de baies d'origine subsistent au premier étage. Ils sont insuffisants pour connaître la largeur exacte des fenêtres, mais assurent cependant qu'il s'agissait de fenêtres géminées et non ternées. Piédroits et arcs présentaient des arêtes vives.

Ces différents caractères permettraient éventuellement de préciser un peu la datation qui pourrait être restreinte à la seconde moitié du XIIe siècle.

Au rez-de-chaussée, la porte latérale ouvre sur un couloir qui mène à la cour.£Signalons la présence d'un grand demi-arc qui se développe sur le mur sud entre le rez-de-chaussée et l'étage en revenant sur la façade sur la rue : il ne semble pas que celui-ci ait pu porter un escalier pris sur l'épaisseur du mur. Signalons encore les structures du niveau de soubassement qui permettraient sans doute d'intéressantes chronologies relatives : des élévations complètes et un escalier probablement de l'époque romane y sont conservés.

Dans le corps principal, d'importants dispositifs médiévaux sont conservés dans l'appartement du premier étage, côté rue du château du roi : portes, placards, niches et arcades prises dans l'épaisseur du mur nord.£La corps de bâtiment secondaire, situé dans l'angle sud-est de la parcelle, conserve sur toute sa hauteur d'importants vestiges du 12e siècle qui indiquent que le bâtiment primitif adoptait un plan en L autour de la cour située dans la partie nord-est de la parcelle.£La façade orientale du corps de bâtiment secondaire est ouverte par une fenêtre géminée avec chapiteau sculpté de feuilles lisses aux angles de la corbeille. La base de cette fenêtre est conservée dans les combles de l'immeuble voisin situé sur la parcelle CD 129. Les travaux réalisés en 2013 dans l'immeuble situé sur CD 129 ont révélé, au 2e étage, des dispositifs du 12e siècle qui appartiennent structurellement à la maison située sur la parcelle CD 346, dont une porte en arc brisé.£Les travaux de ravalement de façade qui ont concernés la façade orientale du corps principal en 2014 ont quant à eux révélé une croisée et une porte chanfreinée datable du 15e ou 16e. La croisée comportait un appui saillant, aujourd'hui bûché.

Les maçonneries en moyen appareil de calcaire froid parfaitement réglé du mur sud sont observables depuis la cave voisine au sud (CD 132).