Dans les 28 commune de la Communauté de communes de la Vallée de l'Hérault, des symboles de la République ont été trouvé, sauf à Lagamas, qui n'en possède aucun. 45 bustes ou haut-relief représentant Marianne ont été examinés, tant en intérieur qu'en extérieur, la commune du Pouget détenant le record avec cinq bustes.

I - Bustes

Le secteur est dominé par un modèle particulier de Marianne imaginé en 1889 par le sculpteur de Béziers Jean-Antoine Injalbert (1833-1945). Onze mairies l'ont choisi : Montarnaud (IM34010328), Aumelas (IM34010445), Saint-Pargoire (IM34010440), Saint-Paul-et-Valmalle (IM34010435), La Boissière (IM34010478), Tressan (IM34010468), Le Pouget (IM34011676), Puéchabon (IM34010546), Arboras (IM34010548), Jonquières (M34010549) et Argelliers (IM34010552), même si une Marianne plus récente est parfois préférée aujourd'hui, comme à Saint-Paul-et-Valmalle ou au Pouget.

Le sculpteur de Montpellier Pierre Taillefer, fils d'un plâtrier, a mis plusieurs modèles à disposition de la clientèle - neuf bustes dans la communauté de communes. En 1870, il présente un buste en Hermès (Puéchabon, IM3410545) avec variante sans couronne (Aniane, IM34010466).

Plus élégante, sur piédouche, apparaît une seconde Marianne, en 1876, qui elle aussi est déclinée de façons différentes (Vendémian, IM34010439) : sur le fléau de balance placé en façade, on trouvera la date de la loi de septembre 1870 ou celle du 25 février 1875 (Campagnan, IM34010469 ; Bélarga, IM34010472 ; Saint-André-de-Sangonis, IM3410503 ; Saint-Bauzile-de-la-Sylve, IM3410500). Sur la tête, elle porte couronne végétale (Saint-Saturnin-de-Lucian, IM34010508) ou bonnet phrygien (Saint-Bauzille-de-la-Sylve, IM34010500) auquel sont ajoutés éventuellement équerre et fil à plomb (Saint-Guiraud, IM3410502). La loi du 25 février 1875 établit la fonction présidentielle, le septennat, les deux chambres.

Angelo Francia, natif de Rodez, emporte un succès certain avec deux modèles, dont un qui a été souvent réalisé en fonte. Au-dessus de la fontaine de Saint-Saturnin-de-Lucian, IM3410506, est une Marianne sur piédouche, en armure mais victorieuse. Même choix, à Popian (IM34000230), sur la fontaine de la Place de l'Ormeau. Dans la Mairie de Saint-Bauzille-de-la-Sylve, elle est en plâtre mais avec une patine imitant le bronze. La Marianne en hermès de Gignac (IM34010432) est tout en classicisme et symétrie, proposée durant la période où le bonnet phrygien était proscrit, entre 1871 et 1877. Ce sculpteur a fourni quatre oeuvres dans la communauté de communes.

La Marianne paysanne d'Emile Fernand Dubois est visible en plâtre à Montpeyroux (IM34010457) et en pierre à Belarga (IM34010471).

La belle terre cuite d'Aniane (IM34010465), d'Adolphe Jean Lavergne, reste un unicum dont on ne sait s'il représente vraiment une Marianne ou plutôt un jeune homme.

Jacques France propose pour le centenaire de la Révolution un buste, qui est visible en fonte et à l'extérieur, au Pouget (IM34010475) comme à Lodève, hors secteur.

Eugène Louis Lequesne fournit en 1907, à Saint-Pargoire, un bel exemplaire en fonte de son buste de la Liberté, qui existe également hors secteur, à Saint-Jean-de-la-Blaquière (IM34001943).

Parmi ces oeuvres, il en reste un certain nombre dont les auteurs sont inconnus. C'est le cas pour la Marianne de Puilacher (IM34010446) ou pour une de celles de Plaissan (IM34010473), alors même qu'il en existe des exemplaires identiques en d'autres lieux. Le buste hiératique et figé de Saint-Jean-de-Fos (IM34010463) reste pour l'instant anonyme, comme celui, en fonte sur sa colonne de pierre, du Pouget (IM34010475).

Aujourd'hui, les municipalités qui souhaitent acheter une nouvelle Marianne ont deux attitudes. La première est celle de commander auprès des centres d'achat dédiés aux collectivités. Dans ce cas, la Marianne créée par Régine Mangin-Lami correspond souvent au goût esthétique actuel ; elle existe en petit format, facile à transporter (Gignac, IM34010434) et en plus grande taille, mise en valeur dans la salle du conseil municipal, à Saint-Paul-et-Valmalle (IM34010436), Saint-Saturnin-de-Lucian (IM3410507) ou au Pouget (IM34010477) ; elle est en plâtre ou agrésine.

Le second choix est au contraire de faire appel à des artistes contemporains proches géographiquement ; il a été proposé aux potiers présents aux journées des métiers d'art à Saint-Jean-de-Fos en 2021 de travailler sur la thématique de Marianne. Jean-Pierre Bailleux, actif à Saint-Paul-et-Valmalle, a obtenu le plus grand nombre de suffrages du jury. Son haut-relief en terre cuite est dans la mairie de sa commune (IM34010435) ainsi que dans celle de Saint-Jean-de-Fos (IM3410462). Dans une autre technique, Sébastien Guyon fournit des Marianne / Brigitte Bardot en carton découpé au laser (Aniane, IM34010464). Notons aussi les bustes de Raymond Verdu à Gignac (IM34010433), d'Alvado, à Pouzols (IM34010498), l'impressionnant haut-relief en pierre de Guilhem de Vitot, à Plaissan (IM34010474), le buste "exotique" de Deans au Pouget (IM34010476).

II - Statuaire monumentale

D'élégantes statues, placées en hauteur pour leur conférer encore plus de prestance, sont d'autres emblèmes de la République. Dans cette communauté de communes, on retient quatre modèles :

- Une Marianne tenant les tables de la Constitution en main gauche et une lance en main droite. C'est une création d'Antoine Durenne, qui avait acheté la fonderie de Sommevoire, dans la Haute-Marne. Elle est présente à Montarnaud (IM340101703) et Montpeyroux (IM340101705) ; celle de Gignac a été détruite (IM34001700), mais, dans l'Hérault, les communes de Canet (IM34001698), Lavérune (IM34001701), Maureilhan (IM34001703), Valros (IM34001707) ou Loupian (IM34001702) ont acquis la même oeuvre. Et dans l'Aude, elle est à Moussan (IM11000113).

- Une deuxième Marianne, vêtue à l'antique brandit très haut en main droite un rameau d'olivier ou un épi de blé ; celle de Puéchabon (IM34001664) est la seule à porter officiellement le nom de la Paix, signée Jules Cambos, en 1878.

- De la même famille que la précédente, et également fondues chez Gasne, peut être admirée la Marianne qui est sur le faîte du toit de la mairie de Saint-Jean-de-Fos (IM34010461), jumelle de la statue de Saint-Bauzille-la-Sylve (IM34010501), comparable également à la statue de Nébian (IM34001717). La jeune femme porte rameau ou torche et en certains autres lieux de France où elle apparaît, elle est appelée Liberté. C'est pourquoi elle est désormais donnée avec ce titre dans notre base de données.

- La fonderie du Val d'Osne, en Haute-Marne commercialise une Marianne au bras droit levé tenant une lumière tandis que sa main gauche retient sa jupe. Dans la communauté de communes du Val d'Hérault, cette Marianne porteuse de lumière est visible sur la célèbre Place de Saint-Guilhem-le-Désert (IM34001722) et sur la Place de la mairie de Saint-Pargoire (IM34001724).

III - Divers symboles

Nous avons profité de ce travail de terrain pour regarder les autres symboles de la République qui entrent dans le champ patrimonial : ainsi, deux urnes électorales anciennes ont été examinées, à Popian (IM34010430) et Puéchabon (IM34010547) ; deux drapeaux ont été photographiés, à Popian (IM34010438) et Puilacher (IM34010446). Les inscriptions "Liberté égalité fraternité" ou République française sont ostensiblement arborées en certains endroits, tels que mairie (Vendémian, IA34009523; Saint-André-de-Sangonis ; Saint-Bauzille-de-la-Sylve, IA34012258) halle (Aniane, IA3412254), voire église (girouette 1889, à Vendémian, IA00028608 ; Saint-Pargoire, IA00028653). Certaines municipalités ne manquent pas d'afficher après 1905 que l'église est désormais leur propriété : Le Pouget, église Sainte-Catherine, IA00028779, ou Saint-André-de-Sangonis, IA00028722. A l'église de Jonquières (IA00028990), les initiales RF sont sculptées sous le cadran de l'horloge du clocher.

L'étude a également été, pour le service, l'occasion de reprendre en couleur les photographies d'une opération ancienne, celle de Bernard Derrieu, sur la statuaire monumentale de la troisième République : à Montarnaux, la fontaine (IA34000129) ou le soldat de la guerre de 1914-1918 (IM34001924) ont bénéficié de ce passage. Il en est de même pour la fontaine du Grifoul, au Pouget (IM34000267). De nouveaux dossiers intéressant le Patrimoine de l'eau, très important en Région Occitanie, ont été créés pour les fontaines de Saint-André-de-Sangonis (IM34010505) et de Saint-Jean-de-Fos (IM34010460).

On notera que les mairies deviennent parfois le refuge ou l'écrin d'éléments du patrimoine communal qu'elles tiennent à conserver : des mécanismes d'horloge à Montpeyroux (IM34010458 et IM34010459), un tableau à Aniane (IM34010467) des bannières, à Saint-Pargoire (IM34010442 et IM34010443), des oeuvres commémoratives à Popian (IM34010431), un groupe sculpté à Campagnan (IM34010470) ou de fragiles plaques émaillées rappelant des soldats de la première guerre mondiale (Saint-Pargoire, IM34010441).

Certains monuments aux morts de la première guerre mondiale mettent en valeur la figure de la France, qu'elle soit guerrière (Jonquières, IM34010549), ou qu'elle affiche un visage grave (Saint-André-de-Sangonis, IM34001825 ; Puéchabon, IM34001830).

La majorité des oeuvres est difficile à dater; si la date de création initiale des modèles est parfois connue, ces productions de série peuvent avoir une très longue postérité. C'est le cas pour le modèle de Vauquelin, imaginé par son auteur en 1890, toujours édité par la maison Lorenzi, et acheté récemment par la commune de Saint-André-de-Sangonis (IM34010504) pour son square de la Liberté.